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Enseignement/Apprentissage de la Prononciation du Français
Enseignement/Apprentissage de la Prononciation du Français
8 octobre 2013

Pratique rythmique : les tables de multiplication

 

   Chose promise, chose due : nous allons parler de rythme en observant la récitation des tables de multiplication.

bracelets

   Comme j'ai voulu faire des petits dessins pour illustrer le rythme, une partie du texte ci-dessous est en photo (cliquer dessus pour agrandir). Mes choix de dessins méritent quelques explications. Les flèches verticales correspondent au rythme musical, ce qu'on tape sur la table ou du pied quand on marque physiquement le rythme. Cette pulsation est placée au début de la syllabe. J'ai représenté les groupes rythmiques comme de grands rectangles, découpés en syllabes (mais il n'y a pas d'espaces entre les syllabes, donc ce ne sont pas de petits carrés juxtaposés) avec la dernière syllabe plus longue : la syllabe accentuée. (J'ai utilisé le même type de représentation dans Phonétique Progressive Débutant, CLE International). J'ai ajouté pour finir une portée musicale pour illustrer le rythme de chaque opération.

 

   Cette façon de scander les tables de multiplication est propre au français et correspond bien sûr à ses règles d'accentuation : la dernière syllabe du groupe rythmique porte la marque rythmique. Le résultat de la multiplication doit donc être énoncé de façon à ce que la dernière syllabe tombe sur la pulsation... ce qui laisse moins de temps pour réfléchir quand le résultat comporte plusieurs syllabes !

Mult1

Mult2

 

   Voici Paloma et Louis qui récitent quelques tables de multiplication. Je ne leur ai donné aucune consigne particulière.

 

 

  *** À vous ! ***

   Et dans votre langue, comment rythme-t-on la récitation des tables de multiplication? Enregistrez-vous, seul(e) ou à plusieurs, en train de réciter vos tables, en rythme. Choisissez une table dont les résultats comportent plusieurs syllabes :) Parlez près de vos micros et envoyez-moi vos mp3, en précisant votre prénom et votre langue. Je les mettrai en ligne dans ce message au plus vite.

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Voici les tables de 6 et des 8, en italien.

Merci à Katia qui a envoyé cet enregistrement que j'ai monté.

Comparez le rythme des tables de multiplication en italien ... et en français dans le message ci-dessous !

Et voici une équipe qui récite les tables des 6 et des 8 en espagnol !

Merci à Manuela, Maria et Amaru pour cet enregistrement.

Ici encore, comparez le rythme des tables en espagnol et en français.

 

   Nous continuons notre exploration de la variété rythmique des langues grâce à la récitation des tables de multiplication.

   Merci à Gueorgui pour cet enregistrement des tables (toujours les 6 et les 8) en bulgare. Quelle jolie scansion !

 

 

Reina nous envoie un enregistrement de la façon dont on récite les tables de multiplication en groupe à l'école (toujours les 6 et les 8) : "une version japonaise (du nord... on peut dire... je pense...)." Du rythme et de la mélodie !

   Merci Reina !

 

   

   Lorsqu'on traite du rythme des tables de multiplication en français, on ne peut éviter de penser à un sketch de l'acteur humoriste Jacques Bodoin précisément intitulé : La table de multiplication. L'argument de ce sketch, qui a connu un vif succès dans les années 70, est simple : autant il est facile de se rappeler la musique des tables de multiplication en français (rythme et mélodie), autant il est difficile de se rappeler des paroles !

    En m'entendant enregistrer des tables de multiplication, mon cher Georges Boulakia de l'université de Paris7 a aussitôt évoqué ce fameux sketch !

    En voici les extraits qui nous intéressent :

 

  - Nous vous écoutons !
Ben il dit :  - C'est parfait ! Alfred !
- M'sieur ?
- Alfred ! Table de multiplication par 2 pour monsieur l'inspecteur !
- Oui M'sieur ! 2 fois 1, 2 ; 2 fois 2, 4 ; ...
- Un virtuose ! Le Paganini de l'arithmétique !
L'inspecteur lui dit : - C'est épatant !
[•••]
- Philibert !
- M'sieur?
- Philibert ! Table de multiplication par 3 pour monsieur l'inspecteur !
- Voui M'sieur ! C'est comme si vous l'aviez ! C'est parti mon kiki ! 3 fois 1, 4 ; mais c'est tout récent, ça ! Hé bien moi je ne le savais pas non plus, donc vous voyez que... ça vient de sortir... c'est une surprise pour tout le monde ! 3 fois 2, ... (passez-moi le boulier !) 7 ! Ah oui je sais, tout augmente ! 3 fois 3, nous passons rapidement ; 3 fois 4, à quoi bon insister ; et nous arrivons déjà à 3 fois 5...
- Ça suffit ! Asseyez-vous ! Arrêtez le carnage ! D'ailleurs je voudrais bien interroger un peu les bancs du fond !
Il dit : - Comment vous appelez-vous?
- Qui, moi ? Je m'appelle Ernes(t).
Il dit : - Ernes(t), vous m'avez l'air particulièrement doué... Voulez-vous nous dire je vous prie la table de multiplication par 7 ?
- 5, 4, 3, 2, 1, 0, lâchez tout, ils sont partis ! .....
7 fois 1, 7. Tiens, ça m'a échappé ! .....
Vous savez, plus moderne, vous ne trouverez pas !
- Ecoutez mon jeune ami, je regrette /
- Moi aussi, on ne va pas faire le réveillon là-dessus, non ! C'est la table et puis c'est marre. Seulement c'est toujours pareil, je ne sais pas ce qui se passe, la musique ça va, ça, la musique, je m'en rappelle au poil ! Mais c'est ces cochonneries de paroles, ça m'énerve !

 

     Vous pouvez entendre l'intégralité du sketch (7'25'') ici.

 

 

 

 

 

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1 octobre 2013

Morceaux choisis (4)

  

   Vous pouvez accéder aux précédents "morceaux choisis" en cliquant directement sur :

 

Demain dès l'aube (Victor Hugo) / Déjeuner du matin (Jacques Prévert)

Le chat et le soleil (Maurice Carême)

Locataires (Jean-Luc Moreau)

La lune blanche (Paul Verlaine)

L'invitation au voyage (Charles Baudelaire)

Chanson (Jacques Prévert)

Faune (Norge)

De tous les animaux... (Nicolas Boileau)

Mon rêve familier (Paul Verlaine)


 

 

 Les tableaux sont de René Magritte, la musique de Philippe Glass.

 

Un beau matin - Jacques PRÉVERT (Histoires et d'autres histoires)

[ɛ̃boma'tɛ̃   *ʒak pʁevɛʁ]

Il n’avait peur de personne           [ilnavE'pœʁdŒpɛʁ'sɔn 
Il n’avait peur de rien                      ilnavE'pœʁdŒ'ʁjɛ̃
Mais un matin un beau matin         mɛzɛ̃ma'tɛ̃  ɛ̃boma'tɛ̃
Il croit voir quelque chose              ilkʁa'vwaʁ kɛlkŒ'ʃoːz
Mais il dit Ce n’est rien                  mEzil'di sŒnE'ʁjɛ̃
Et il avait raison                             eilavɛʁE'zõ
Avec sa raison sans nul doute       avɛksaʁE'zõ   sɑ̃nyl'dut
Ce n’était rien                                sŒnEtɛ'ʁjɛ̃
Mais le matin ce même matin       mElŒma'tɛ̃  sŒmɛmma'tɛ̃
Il croit entendre quelqu’un            ilkʁatɑ̃'tɑ̃ːdʁ  kɛl'kɛ̃
Et il ouvrit la porte                         eiluvʁila'pɔʁt
Et il la referma en disant Personne  eillaʁŒfɛʁma  ɑ̃dizɑ̃ pɛʁ'sɔn
Et il avait raison                             eilavɛʁE'zõ
Avec sa raison sans nul doute       avɛksaʁE'zõ  sɑ̃nyl'dut
Il n’y avait personne                      ilniavɛpɛʁ'sɔn
Mais soudain il eut peur                mEsu'dɛ̃  ily'pœʁ      
Et il comprit qu’il était seul            eilkõpʁi kilEtɛ'sœl
Mais qu’il n’était pas tout seul      mEkilnEtɛpatu'sœl
Et c’est alors qu’il vit                    esEta'lɔʁ kil'vi
Rien en personne devant lui.       ʁjɛ̃ ɑ̃pɛʁ'sɔn  dŒvɑ̃lɥi]

 

 

Comment identifier les contenus phonétiques d'un document ?

Il est plus facile de travailler à partir d'une transcription phonétique présentant les groupes rythmiques (comme ci-dessus). Ce poème de Précert ne présente pas de ponctuation et comme pour tous les documents, on doit commencer par indiquer les groupes rythmiques minimaux. On observe ensuite en priorité les syllabes accentuées (les dernières syllabes des groupes rythmiques, portant le signe diacritique ' avant) : on peut relever la nature de la structure syllabique, la voyelle accentuée, les consonnes en position forte = à l'initiale de la syllabe accentuée... en cherchant ce qui est le plus présent.

Il y a des mots récurrents dans le poème qui se trouvent en syllabes accentuées : peur, personne, rien, matin, raison, sans nul doute, seul. On trouve aussi les mots : voir, entendre, quelqu'un, porte, en disant, soudain.

Il y a de quoi travailler ici (comme dans presque tous les documents) les voyelles nasales : [ɛ̃] matin, rien, quelqu'un, soudain ; [ɑ̃] entendre, en disant ; [õ] raison.

On peut aussi travailler l'opposition [voyelle orale + consonne nasale] ([ɔn], personne) vs. [voyelle nasale] ([õ], ).

On trouve plusieurs occurences de peur, seul, pour travailler [œ].

[ɔ] se trouve en syllabe fermée (comme toujours) : personne, porte, alors. [o] en syllabe ouverte (beau) mais aussi fermée (quelque chose).

Et l'expression sans nul doute offre, en syllabes fermées, une belle opposition syntagmatique [y] /[u] (comme pas du tout).

 

Pour les consonnes, on peut travailler (là aussi comme dans presque tous les documents) sur le [ʁ] dans toutes les positions : [ʁ] en finale absolue dans peur, voir, alors ; [ʁ] en finale de syllabe (+ consonne) dans personne, referma ; [ʁ] en initiale dans rien, raison referma ; consonne + [ʁ] dans croit, entendre, ouvrit, comprit[ʁ] intervocalique dans de rien, avait raison, sa raison...

 

Quelles sont les liaisons ? Mais-un matin, Mais-il dit, Il croit-entendre, C'est-alors. Mais attention ! Et#il, Rien#en personne.

Les enchaînements consonantiques? Il avait, il ouvrit, il eut, il était.

 

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