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Enseignement/Apprentissage de la Prononciation du Français
Enseignement/Apprentissage de la Prononciation du Français
2 août 2020

Archive : Précis Historique de Phonétique Française, de Bourciez

[Dans la nouvelle catégorie Archives, je présente un ouvrage de ma bibliothèque et j'en donne un court extrait.]

 

 

(éditions de 1937 et 1967)

 

     Ceux qui ont travaillé avec cet ouvrage s'en souviennent à vie (en bien ou en mal...)

 

     Le Précis historique de Phonétique Française du linguiste gascon Edouard Bourciez (publié une dizaine de fois de 1889 à 1989, parfois sous le titre de Phonétique française) est l'ouvrage de référence des cours qui traitent de l'évolution phonétique du latin au français moderne. Toutes les règles d'évolution phonétique pour les voyelles accentuées et initiales et les consonnes y sont précisément énoncées (voir la Table des matières et les Tableaux récapitulatifs à la fin de ce message pour les nostalgiques). On y apprend de nombreux termes de spécialité comme pénultième (ou avant-dernière) et les paroxytons, et propénultième (on dit aussi antépénultième, c'est-à-dire troisième syllabe avant la fin) et les proparoxytons....

 

     L'ouvrage débute par une introduction en deux chapitres, dont le premier s'intitule Origine et Formation de la Langue Française. Succinct et précis, ce chapitre rappelle les étapes essentielles de la formation du français. Tout étudiant en Sciences du Langage devrait pouvoir en restituer tous les éléments. C'est l'extrait (les huit premiers points du chapitre qui en compte onze) que j'ai choisi dans cet ouvrage car il me semble pouvoir intéresser tout francophone, au moins comme rappel.

 

 

Origine et Formation de la Langue Française

(extrait de Précis historique de Phonétique Française, par Edouard BOURCIEZ, Paris : Klincksieck, 1937 (Huitième édition)

 

1. La langue française appartient au groupe des langues romanes. Elle est, dans son fond essentiel (mots, formes, structures de la phrase), une transformation de la langue latine.

 

2. Le latin était à l’origine un idiome assez grossier, parlé dans le Latium à l’embouchure du Tibre, et proche parent des autres dialectiques italiques qui l’entouraient  l’Osque au sud-est, l’Ombrien au nord). A Rome, une distinction s’établit avec le temps entre le latin classique (sermo urbanus) dont se sont servis les écrivains comme Cicéron, César, Virgile, etc., et le latin vulgaire (sermo plebeius) dont usait le peuple. Le latin classique ou littéraire s’était poli au contact de la culture grecque, et fut arrêté dans son évolution par les grammairiens ; le latin vulgaire ou parlé, tout en conservant des traces d’archaïsme, se développa au contraire librement. Au cours des siècles, ces deux formes de latin en virent à diverger assez profondément entre elles par leur prononciation, leurs flexions, leur syntaxe ; elles différaient aussi par l’emploi d’un vocabulaire en partie distinct.

 

3. C’est essentiellement du latin vulgaire, importé par les soldats, les colons, les commerçants dans toutes les parties de l’empire romain, et adapté aux organes vocaux de peuples divers, que sont sorties les langues romanes. Ces langues sont au nombre de sept principales, qui se répartissent géographiquement en trois groupes : 1° groupe du Sud-Est, comprenant l’italien parlé dans la péninsule italique ; le rhétique, parlé dans les Grisons, le Tyrol et le Frioul ; le roumain parlé dans le bassin inférieur du Danube ; 2° groupe du Sud-Ouest, comprenant l’espagnol et le portugais, parlés dans la péninsule ibérique ; 3° groupe du centre, comprenant le provençal et le français, parlés sur le territoire de l’ancienne Gaule.

 

4. Avant l’établissement des Romains dans la Narbonnaise (125-118 av. JC) et la conquête du reste de la Gaule par Jules César (59-51 av. JC), les Gaulois parlaient une langue celtique se rattachant à un des groupes de la famille indo-européenne (indo-iranien, tokharien, hittite, arménien, grec, italique, celtique, germanique, balto-slave, albanais). Un des résultats de la conquête romaine fut l’effacement progressif des idiomes gaulois, qui n’ont laissé dans notre vocabulaire que des traces assez faibles (termes rustiques) ; puis la diffusion (achevée par la prédication chrétienne) de la langue latine qui, à la fin du IVe siècle, lors de la dissolution de l’Empire, était devenue, sous sa forme vulgaire, la seule langue parlée en Gaule. Les grandes invasions du Ve siècle, l’établissement successif des Wisigoths, des Burgondes, des Francs, au milieu des populations gallo-romaines, vinrent hâter l’altération de ce latin vulgaire, et introduisant dans son lexique un assez fort contingent de mots germaniques (termes de guerre et de droit, noms d’objets usuels).

 

5. Des textes du VIIe et du VIIIe prouvent que, vers la fin de la période mérovingienne, le latin vulgaire s’était déjà transformé, surtout par des changements phonétiques, en une langue nouvelle qu’on appelait lingua romana rustica. Mais cette langue romane de l’ancienne Gaule prit assez rapidement des caractères différents, suivant qu’elle était parlée au Nord ou au Midi. Au Sud (dans le bassin de la Garonne, le Limousin, l’Auvergne et le bassin du Rhône (au-dessous de Lyon), elle devient la langue d’oc, dont le provençal des Troubadours, fut au moyen âge la forme littéraire. Au Nord, elle devient la langue d’oïl, dont le français est la forme moderne, et dont les Serments de Strasbourg, prononcés en 842, sont le plus ancien monument, avec la Cantilène d’Eulalie composée aux environs de l’an 900. Antérieurement, les Gloses de Reichenau et Gloses de Cassel, qui semblent être du VIIIe siècle, fournissent de précieux renseignements sur l’évolution du latin usité, vers cette époque, au Nord de la Gaule.

 

6. La langue d’oïl, telle qu’on la parla du IXe siècle au XIVe siècle, comprenait pendant le moyen âge un certain nombre de dialectes, distincts entre eux surtout par des différences de prononciation. Ces dialectes, dont les limites ont toujours été un peu flottantes, et auxquels on a conservé les noms de nos anciennes provinces, étaient : 1° au Nord-Est, le picard et le wallon ; 2° à l’Est, le champenois, le lorrain, le franc-comtois, le bourguignon ; à l’Ouest, le saintongeois, le poitevin, l’angevin [la langue bretonne n’est pas mentionnée parmi les dialectes]; 4° au Nord-Ouest, le normand ; au Centre enfin, dans le bassin moyen de la Seine et la région d’entre Seine et Loire, le dialecte de l’Ile-de-France.

 

7. C’est ce dialecte de l’Ile-de-France, sous la forme spéciale où on le parlait à Paris, qui, pour des motifs politiques, a fini par supplanter les autres comme langue littéraire. Dès la fin du XIIe siècle, il affirmait sa prééminence et se répandit de plus en plus en raison directe des progrès de la royauté et de la centralisation administrative qui en fut la conséquence. Toutefois, c’est seulement à partir du XVe siècle que les autres dialectes (y compris ceux de la langue d’oc du Midi) furent définitivement réduits à l’état de patois. Mais, à ce moment-là, la langue centrale elle-même était en pleine crise de transformation (perte de l’ancienne déclinaison à deux cas, simplification des formes verbales, influence croissante du latinisme, etc.) ; elle ne reprit vraiment son équilibre et ne trouva son type définitif qu’à la suite des réformes de Malherbe et de Vaugelas, consacrées par les chefs-d’œuvre classiques du XVIIe siècle.

 

8. L’histoire de notre langue peut en somme se diviser en trois périodes qui ont chacune un caractère assez spécial : période de l’ancien français (du IXe siècle à la fin du XIIIe) ; période transitoire dite du moyen français (XIVe – XVIe siècles) ; période du français moderne (du début du XVIIe siècle à nos jours).

 

 

 

    Voici la Table des matières de l'ouvrage de 1967 (cliquer sur l'image pour l'agrandir) :

 

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 Et les quatre Tableaux récapitulatifs (cliquez sur la photo pour l'agrandir) :

 

 

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