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Enseignement/Apprentissage de la Prononciation du Français
Enseignement/Apprentissage de la Prononciation du Français
2 août 2020

Archive : Prononciation du français standard, de Léon

[Dans la catégorie Archives, je présente un ouvrage de ma bibliothèque et j'en donne un court extrait.]

 

(éditions de 1966 et 1972)

 

     Pierre Roger Léon et Monique Léon sont deux auteurs incontournables en phonétique du FLE ayant fait l'essentiel de leur carrière à Toronto au Canada, après Paris et Besançon.

     Leurs ouvrages s'apparentent le plus souvent à des "manuels" car ils présentent généralement, outre des descriptions et des informations, des activités et des exercices qui s'adressent aux étudiants et/ou aux enseignants.

     Prononciation du Français Standard : aide-mémoire d'orthoépie à l'usage des étudiants étrangers, Paris : Didier, 1966, de Pierre R. Léon, a été d'abord publié par le Cercle de Linguistique Appliquée de l'université de Besançon en 1962 sous le titre : Aide-mémoire d'orthoépie : des formes orales aux formes écrites / Règles expliquées de prononciation française, exercices pratiques de transcription. Ce long titre en décrit parfaitement le contenu. L'ouvrage paraît dans le contexte de la méthodologie audio-orale. C'est aujourd'hui encore un ouvrage incontournable en phonétique du français langue étrangère.

     La notion d'orthoépie n'est pas à mon sens toujours clairement utilisée, elle l'est d'ailleurs rarement aujourd'hui. Universalis propose : "en phonétique, étude de la prononciation correcte des mots"... écrits? Léon l'utilise ici dans un sens qu'il précise : "des formes orales aux formes écrites", autrement dit, il aborde les sons du français sous l'angle des correspondances phonies-graphies. On pourrait discuter cet angle de travail "phonétique", rapporté d'emblée aux formes orthographiques du français, souvent complexes (par exemple pour les voyelles nasales). Mais comme il le précise lui-même, l'ouvrage vise à aider les étudiants "à classer les sons qu'ils ont [déjà] appris". On ne trouvera donc ici aucune information de type articulatoire ou acoustique.

    L'ouvrage traite systématiquement de tous les sons du français, voyelles orales, semi-consonnes, voyelles nasales, consonnes, et des liaisons (voir la Table des matières en fin de ce message). Chaque leçon propose un tableau où le son est illustré dans ses différentes graphies dans des mots en fonction de sa distribution (initiale, "médiale" - on dit communément médiane, finale).

     Exemples, ici avec [y] et [u] :

 

 

     Suivent des Exercices de transcription (après plusieurs écoutes, de l'orthographe vers l'Alphabet Phonétique International - voir les détails dans l'Avant-propos ci-dessous) , des Remarques, des Problèmes (questions) et un point Phonémique.

    Léon consacre un chapitre aux "voyelles orales à deux timbres" (E - EU - O - A), terminologie qui fait voir rouge à Georges Boulakia qui ne parle avec justesse que de "voyelles moyennes" (terme n'intégrant évidemment pas [a] et [ɑ]).

    J'ai choisi de restituer ici l'Avant-Propos qui précisela conception pédagogique de l'ouvrage et qui insiste sur la nécessité de pratiquer l'écoute répétée en variant les activités associées (lecture API, transcption orthgraphique, transcription API, etc.)

 

 

 

Pierre R. LÉON, Prononciation du Français Standard : aide-mémoire d'orthoépie à l'usage des étudiants étrangers, Paris : Didier, 1966

 

 

AVANT-PROPOS

 

L’orthoépie définit les règles de la prononciation par rapport aux règles graphiques et énonce les lois phonétiques qui gouvernent le système phonique d’une langue. C’est en somme la « grammaire des sons d’une langue ».

 

On ne commence plus l’apprentissage d’une langue par la grammaire. Mais la grammaire permet, lorsqu’on sait parler, de clarifier, en les ordonnant, les notions qu’on a apprises. De même, cet aide-mémoire d’orthoépie est destiné aux étudiants qui veulent classer les sons qu’ils ont appris en les rattachant soit aux structures sonores, soit aux graphies du français.

 

Il y a un grand nombre de prononciations différentes sur tout le territoire français (voir : Martinet, La prononciation du français contemporain). Mais, à côté de toutes les variantes possibles, il existe une norme standard, définie par de nombreux traités de prononciation (voir par exemple : P. Fouché, Traité de prononciation française). Cette norme est souvent interprétée de façon trop rigide par les étudiants étrangers qui perdent leur temps à apprendre des subtilités au lieu de corriger l’essentiel de leur accent d’abord. C’est pourquoi il nous a paru nécessaire de tenir compte à la fois du modèle idéal du « bon usage » mais aussi des latitudes acceptées par tous les sujets parlants. En résumé, nous avons voulu :

 

1. présenter, non pas un traité détaillé de toutes les règles de prononciation française mais un opuscule aussi schématique et simplifié que possible de ces règles, sur un plan aussi pédagogique que possible.

 

2. indiquer à côté de la norme phonétique, les tolérances admises et les tendances actuelles de la prononciation française.

 

Il nous a paru surtout nécessaire de modifier la présentation traditionnelle qui va de la graphie au son. Les nouvelles méthodes audio-orales enseignent la structure sonore de la langue d’abord. Il s’agit ensuite de retrouver les équivalents graphiques. Nous avons essayé de nous en tenir le plus possible à cette démarche : du son aux signes graphiques. Mais la présentation adoptée, sous forme de tableaux synoptiques, permet de partir aussi bien des graphies si on le désire.

 

Enfin nous avons voulu insister non pas sur les subtilités des exceptions aux règles mais sur l’aspect linguistique du problème, qui a été le plus souvent négligé ou ignoré dans les traités d’orthoépie. Nous avons tenté de faire prendre conscience de l’importance de la distribution, de la fréquence d’emploi et de l’aspect fonctionnel des sons. En étudiant les tableaux de présentation des sons on verra ainsi que certains d’entre eux n’apparaissent presque jamais en initiale comme le [ɲ] que certaines graphies ne sont jamais employées en finale absolue, comme le v, etc. On verra que certaines voyelles comme le [ɑ] de pâtes ne représentent dans la langue parlée que 0,2% des cas, contre 8% pour le [a] de patte. On s’apercevra que certains sons remplissent une fonction linguistique importante comme le i par rapport au u, alors que d’autres voyelles ont des timbres qui peuvent varier sans entrainer de changement dans le sens du mot. Prononcer le ai de maison comme le ê de fenêtre ou comme le é de thé n’a pas d’importance pour la compréhension du mot. Nous donnerons ici la prononciation standard admise officiellement mais nous indiquerons toujours les latitudes auxquelles on peut s’attendre de la part des francophones, sans qu’il y ait faute linguistique.

 

Conseils aux étudiants pour l’utilisation de cet aide-mémoire

 

Les étudiants débutants peuvent ignorer les Remarques qui ne concernent que les cas exceptionnels et se dispenser de répondre aux questions des Problèmes. Mais il faudra toujours :

 

1. Ecouter l’enregistrement qui correspond aux Exercices de transcription phonétique. (Ecouter avec le livre fermé.)

 

2. Ecouter à nouveau en suivant la transcription phonétique (Ecouter plusieurs fois. La transcription phonétique est donnée à la fin du livre)

 

3. Ecouter à nouveau en suivant le texte orthographique.

 

4. S’exercer à transcrire le texte orthographique (sans regarder la transcription). Vérifier la transcription à l’aide des « clés », et à partir de la transcription s’exercer à retrouver la graphie.

 

Pour les étudiants les plus avancés, continuer en s’exerçant à :

 

5. Etudier le tableau des équivalences sons-graphies.

 

6. Répondre aux questions des problèmes. (La solution se trouve toujours indiquée dans la leçon. Si on ne la trouve pas, se reporter aux Clés de la fin du livre.) Ce travail doit permettre de mieux comprendre la leçon.

 

7. Etudier l’aspect phonémique de la leçon.

 

8. Réécouter l’enregistrement, transcrire le texte à nouveau et répéter les exemples à voix haute plusieurs fois.

 

 

Conseils aux professeurs

 

On a souvent exagéré l’importance des règles d’orthoépie. Elles ne constituent qu’un aspect de la prononciation, puisqu’elles concernent surtout le timbre des phonèmes. L’usage de cet aide-mémoire ne peut donc dispenser des exercices orthophoniques concernant le phonétisme français. (Voir à ce sujet Introduction à la Phonétique corrective et Exercices systématiques.)

 

Néanmoins à un certain stade que le professeur saura seul déterminer, l’étude des règles d’orthoépie sera nécessaire.

 

Dans cette étude qui doit être une mise au point des connaissances déjà acquises par la pratique, l’essentiel est d’obtenir avec un minimum d’effort et de temps, un maximum d’efficacité. Le meilleur moyen pour cela est de laisser les étudiants travailler seuls, à leur propre rythme, comme dans un cours programmÉ, avec le livre et l’enregistrement sonore. (On a beaucoup médit de la transcription phonétique. En fait, elle est très facile à apprendre et elle peut être un excellent moyen mnémo-technique. Il suffit seulement de lui donner la place qu’elle mérite – après les exercices pratiques oraux.)

 

 

      J'ajoute en bonus le tableau des graphies des liaisons obligatoires : 

 

 

 

... et la Table des matières de l'ouvrage de 1966 :

 

 

 

 

 

 

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