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Enseignement/Apprentissage de la Prononciation du Français
Enseignement/Apprentissage de la Prononciation du Français
19 août 2020

Hésiter... et parler pour ne rien dire

 

    En découvrant à la radio la Valse hésitation de Rodolphe Burger (voir la vidéo et le texte ci-dessous), je me souviens avoir archivé deux documents sonores illustrant l'hésitation en français et que je me propose de partager ici :

1. un extrait d'un canular téléphonique de l'humoriste Jean-Yves Lafesse. Prétendant être Miss France 1938, il échange avec une femme apparemment d'un certain âge. Le résultat : plus de 90 secondes de paroles quasi sans contenu, d'improvisation et de "bruit communicatif" naturel (comme une extension de la fonction phatique de Jakobson). Cliquer ci-dessous pour entendre le mp3.

Miss_France_1938

2. un extrait du film Aurore, de Blandine Lenoir (2017), une scène entre les comédiennes Agnès Jaoui qui recherche du travail et Florence Muller, "employée Pôle Emploi sans mots". C'est donc une scène écrite et interprétée.

AuroreFilm

 

3. et donc, la Valse Hésitation de Rodolphe Burger :


Nous pourrions nous / Je vous l’avais proposé / Nous pourrions mais…
Aussi bien / Nous pourrions ne pas
A moins que / Peut-être / Vous vouliez…
Dans ce cas / Pourquoi pas
Ou alors / Ou alors non
Ou alors / Ou alors peut-être pas
Peut-être préférez-vous / Ne pas

Ou alors nous pourrions / Vous me l’aviez proposé je crois
Nous pourrions / Pourquoi pas / Décider
De laisser se faire / Le fameux pas / Le premier fameux pas
À moins que oui / À moins que non
À moins que plutôt pas

À moins qu’il vous en dise
À moins que oui / À moins que non
À moins qu’on se ravise / Dans ce cas oui
Ou plutôt non

 

 

 

    Ce qui me semble lier phonétiquement ces trois documents, c'est le rythme et la musique de l'hésitation en français. On retrouve des groupes rythmiques très courts, l'allongement de la dernière syllabe, parfois poussé à l'extrême, le Euh... d'hésitation souvent appelé pause sonore, et prononcé [Œ] (c'est-a-dire [ø] ou [œ] ou un timbre intermédiaire), ainsi que d'autres "bruits" : Oui oui oui, ah non, ah oui, Bah, ben, Holala, pfff, etc. Il existe d'autres caractéristiques syntaxiques et lexicales de l'hésitation, par exemple l'emphase sur les connecteurs, que je ne développerai pas ici.

    J'incite souvent très tôt les étudiants étrangers apprenant le français à adopter, en cas de besoin, le Euh d'hésitation, pour s'approprier ce geste prosodique de base en français et éviter l'émergence de [eee] hispanophone ou au [ʌ:m] anglo-américain par exemple (voir d'autres interjections de langue maternelle pouvant apparaître en français), marqueurs évidents d'accent non-natif.

 

    Si vous souhaitez partager un document illutrant les phénomènes oraux d'hésitation en français ou dans d'autres langues, ... n'hésitez pas ! La rubrique Commentaires ci-dessous est faite pour vous.

 

Par exemple, dans la série How I met your mother, le personnage de Robin joué par la comédienne canadienne Cobie Smulders hésite souvent après la conjonction "But", ce qui donne 'but um"  (bottom) ce qui est l'occasion de moqueries des autres personnages.

 

 

 

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6 août 2020

Imagier Phonétique : entraînement intensif

 

 

 

     Et si l'été était l'occasion d'une petit gymnastique phonétique quotidienne en français?

     Voici donc une compilation de l'imagier phonétique auquel j'ai consacré beaucoup de temps : d'abord pour choisir le lexique de mots concrets et fréquents en fonction de la voyelle accentuée (c'est-à-dire la dernière voyelle phonétique de chaque énoncé), puis pour insérer ces mots dans des groupes rythmiques simples ; ensuite pour faire les enregistrements de ma famille et mes amis pour varier les voix en sexe, âge, etc., donc des voix variées non-professionnelles ; après, pour faire les photos et enfin pour monter le tout en diaporamas.

    En pratiquant l'écoute et la répétition sans être distrait par la forme orthographique des mots, vous vous concentrez seulement sur la forme sonore. Ce sont des exercices courts (moins de 3 minutes), votre concentration peut rester très active ! Les liens ci-dessous vous dirigent vers chacun de ces diaporamas d'entraînement.

     Alors profitez-en et exercez-vous avec ces voyelles typiquement françaises...

 

La voyelle antérieure arrondie fermée [y]

La voyelle antérieure arrondie mi-ouverte [œ]

La voyelle antérieure arrondie mi-fermée [ø]

Les voyelles antérieures étirées [e] et [ɛ]

Les voyelles antérieures arrondies [ø] et [œ]

Les voyelles postérieures [o] et [ɔ]

La voyelle nasale [ɛ̃]

La voyelle nasale [ɑ̃]

La voyelle nasale [ɔ̃]

 

 

https://dai.ly/x5odvsx

5 août 2020

Archive : Petite Phonétique Comparée, de Passy

[Dans la catégorie Archives, je présente un ouvrage de ma bibliothèque et j'en donne de courts extraits.]

 

    

 

     Voici malheureusement un livre qui part en miettes... Il s'agit de l'édition de 1922 de la Petite Phonétique Comparée des Principales Langues Européennes, de Paul Passy, le co-fondateur de l'Alphabet Phonétique International. La première édition date de 1905. Et je découvre sur internet que Forgotten Books en propose une réédition depuis 2018 !

     J'ai déjà évoqué cet ouvrage dès la création de ce blog, en citant les Remarques préliminaires.

     J'ai aussi déjà évoqué Paul Passy et sa collaboration à l'International Phonetic Association.

     Rares sont les livres à ma connaissance traitant de phonétique comparée dans plusieurs langues. A part l'ouvrage de Passy, je pense au magistral Comparing the Phonetic Features of English, French, German and Spanish, de Pierre Delattre (1965), dont il me faudra parler dans un prochain post.

     Cet ouvrage de Passy, rédigé dans un style et une orthographe (*rhytme) parfois surprenants, est novateur sur de nombreux points, je n'en citerai que quelques uns.

• Il me semble déjà remarquable que la moitié du texte (une soixantaine de pages) soit consacrée aux aspects suprasegmentaux, appelés ici Divisions du langage (groupes de souffle / force / intensité, rythme, syllabes, durée, intonation).

• Il évoque déjà l'acuité des voyelles, notion reprise par Petar Guberina et toute l'Approche Verbo-Tonale (1950-1960).

229] La différence de timbre entre les voyelles tient à la position qu'on donne aux organes en les articulant. Chaque position fait de la bouche une caisse de résonnance particulière qui modifie d'une certaine façon la voix produite par le larynx, comme des tubes de forme différente modifient le son produit par une anche de cor.

Pour comparer entre elles les résonnances propres à chaque position des organes il est bon de chucher les voyelles correspondantes, parce qu'alors on a affaire qu'à ces résonnances elles-mêmes (les modifications de hauteur du chuche étant insignifiantes), tandis qu'en prononçant les voyelles à voix haute, on peut sans s'en douter, élever ou abaisser le ton de la voix. On s'aperçoit alors aisément que si on prononce la série des voyelles :

u - o - ɔ - ɑ - a - ɛ - e - i

le timbre devient de plus en plus aigu.

Apparemment musicien, il pose finement la question de la transcription de l'intonation avant même les appareils de mesure et les courbes intonatives :

INTONATION

158] Nous avons déjà vu que la parole contient un élément musical, la voix, dont la hauteur varie avec les circonstances. Quand on chante, la voix passe constamment d'une note à une autre, les notes étant choisies de manière à former un ensemble harmonieux.

159] Il en est à peu près de même dans la parole ordinaire. Il y a pourtant une différence fondamentale. Dans le chant, chaque syllabe se prononce sur une note donnée ; ou bien, si on passe d'une note à une autre, ça se fait presque toujours d'un bond, sans intermédiaire. Dans la parole, la voix ne s'arrête guèresur une note ; elle ne passe pas non plus directement d'une note à une autre ; elle glisse tout le long de l'échelle musicale, monte ou descend plus ou moins rapidement, mais toujours par degrés insensibles. En musqiue j'écris par exemple :

Mais pour représenter la parole, la notation :

ne serait encore que très approximative. Il en résulte que les intervalles paraissent moins grands qu'ils ne le sont réellement."

 

 

     Je choisis comme extrait une section consacrée dans les Divisions du Langage, aux Groupes d'intensité / Groupes de Force. Ce que Wioland appelle les mots phonétiques, ce que d'autres appellent les groupes rythmiques, demeurent souvent étrangement ignorés des enseignants, alors qu'ils structurent fondamentalement la parole et imposent des contraintes fortes puisqu'ils définissent les syllabes accentuées et les syllabes non-accentuées. Si la terminologie varie d'un auteur à l'autre, la question de l'identification des groupes structurant le flux de parole reste bien cruciale.

 

GROUPES D’INTENSITÉ

1° GROUPES DE FORCE

Force du souffle

 

60] Si nous examinons un groupe de souffle quelconque, nous reconnaissons bientôt que toutes les parties qui le composent ne frappent pas notre oreille avec la même intensité. En nous plaçant à une certaine distance d’une personne qui parle, nous saisissons bien certains sons, certains groupes, tandis que d’autres nous échappent. Si nous sommes plus près, nous entendons tout, mais nous sentons pourtant que tout n’a pas la même force.

 

61] Par exemple, je prononce la phrase :

L’animal qui s’enfuit en courant.

Les groupes de sons –mal, -fuit, -rant, s’entendent certainement plus distinctement que les autres. Ça tient à ce que, en les prononçant, je chasse l’air plus fortement des poumons : alors les sons produits sont plus forts.

Cette force relative est tout-à-fait indépendante de la force d’ensemble avec laquelle on parle. La phrase citée, l’animal qui s’enfuit en courant, peut êtrecriée à pleins poumons ou murmurée à voix basse ; mais à moins d’intentions spéciales, on prononce toujours les syllabes –mal, -fuit, -rant, plus fort que les autres. C’est l’effet de la force relative du souffle. Quelle que soit leur force absolue, les syllabes –mal, -fuit, -rant, doivent être considérées comme relativement fortes, les autres comme relativement faibles, ou moyennes.

 

62] Analyser et représenter tous les degrés de force serait un travail gigantesque. La force relative est en partie déterminée par un principe rythmique. Les syllabes fortes et faibles alternent d’une manière assez régulière. Si dans un groupe de trois syllabes, la troisième est forte, nous pouvons être à peu près sûrs que la première est plus forte que la deuxième, à moins qu’il n’y ait quelques raison particulière d’appuyer sur la deuxième ; c’est ce qui a lieu dans les groupes animal, voulez-vous, tu comprends, Constantinople, Nabucodonosor. Ça nous dispense de représenter les degrés intermédiaires, dont la force relative découle le plus souvent de leur position même. […]

 

63] Or, l’oreille et l’esprit ont une tendance naturelle à grouper les parties moins fortes autour des parties plus fortes ; Quoique dans la phrase, l’animal qui s’enfuit en courant., il n’y ait aucune interruption, nous l’entendons volontiers comme si elle était divisée en trois parties.

L’animal     qui s’enfuit     en courant.

Ceci nous conduit à une deuxième division phonétique du langage ; nous pouvons diviser le groupe de souffle en groupes de force. Un groupe de force est l’ensemble des sons qui se groupent autour d’une syllabe relativement forte.

 

64] En général, un groupe de force se compose de deux ou trois mots étroitement liés par le sens, et dont l’un est plus important que les autres.

La division phonétique en groupes de force correspond donc à la division logique en mots, en ce sens que si plusieurs mots sont constamment réunis en un seul groupe, un seul mot n’est presque jamais réparti sur deux groupes. Dans un parler très lent, chaque groupe de force peut devenir un groupe de souffle. Quand un mot est isolé, il forme à lui seul un groupe de force et un groupe de souffle.

 

65] Dans une écriture rigoureusement phonétique, on écrit en un seul mot tout ce qui forme un groupe de force, ainsi

lanimal kisɑ̃fɥi ɑ̃kuʁɑ̃

et on marque les limites des groupes de souffle par un nombre de virgules proportionné à la durée de l’arrêt. Mais dans la plupart des textes phonétiques consacrés à l’enseignement, des raisons pratiques font conserver tels quels la division des mots et la ponctuation courante.

 

Accents de force

 

66] Quant à la force relative des diverses parties d’un groupe, il est facile de distinguer des syllabes fortes, moyennes et faibles. La syllabe forte est la plus importante, c’est autour d’elle que se groupent les moyennes et les faibles, généralement en suivant le principe rythmique énoncé au §62.

On dit souvent que la syllabe forte est accentuée ou porte l’accent de force ; que les autres sont les syllabes inaccentuées ou atones.

 

67] Dans l’écriture, on marque les syllabes fortes en les faisant précéder du signe (ˈ) ; au besoin les syllabes faibles sont précédées du signe (-), et les moyennes du signe (ˌ) ; mais les deux dernières peuvent ordinairement se sous-entendre. Une syllabe très forte se marque par (ˈˈ)

La phrase citée plus haut s’écrit donc :

ˌla-niˈmal ˌki-sɑ̃ˈfɥi ˌɑ̃-kuˈʁɑ̃

ou plus simplement et en conservant la division des mots :

l aniˈmal ki s ɑ̃ˈfɥi ɑ̃ kuˈʁɑ̃

 

 

Accent normal

[…]

70] En Français, l’accent normal n’est pas très marqué ; il n’y a pas entre ls syllabes fortes et les faibles l’opposition qu’on remarque par exemple en Allemand. Aussi, le premier soin d’un étranger qui étudie le Français, doit-il être de prononcer toutes parties de la phrase, avec une certaine égalité, sans « avaler » les syllabes faibles, sans donner aux fortes un relief exagéré.

71] Cependant, il y a une différence en Français aussi. Dans chaque groupe de force, c’est la dernière syllabe qui se prononce un peu plus fort que les autres, à moins qu’elle ne contienne la voyelle ə, alors c’est la syllabe précédente qui est forte. (Il va sans dire qu’il s’agit des syllabes prononcées ; le reste ne compte pas en phonétique).

Comme en Français, quand plusieurs mots sont très étroitement unis par le sens (et par conséquent forment un groupe de force), c’est le dernier qui est d’ordinaire le plus important, ce que nous venons de dire peut encore s’exprimer ainsi : dans une phrase prononcée normalement, la dernière syllabe de tous les mots importants est accentuée.

[…]

Les enfants qui commencent à parler réduisent souvent un mot à sa dernière syllabe plus ou moins altérée.

 

72] Dans d’autres langues, l’accentuation est basée sur des principes très différents. En Espagnol, en Italien, en Portugais, l’accent, qui est d’ailleurs plus marqué qu’en Français, peut porter sur la dernière syllabe des groupes comme en Français ; mais il peut aussi porter sur une des deux syllabes précédentes. Ainsi on a :

en Italien : virˈtù (vertu), aˈmore (amour), aˈmabile (aimable), prenˈdevano (ils prenaient) ;

en Espagnol : aˈmor (amour), aˈmigo (ami), ˈarboles (arbre)

en Portugais : aˈmor (amour), aˈmigo (ami), leˈgitimo (légitime).

Le même genre d’accentuation se retrouve dans les autres langues romanes, et même dans les patois de la France du Midi ; ainsi en Béarnais :

beˈtɛt (veau) ; ˈɔmi (homme) ; ˈkrabo (chèvre), etc.

73] Il est intéressant de constater, que sauf de rares exceptions, c’est toujours la syllabe correspondante qui est accentuée dans les langues romanes : Fr. aˈmour, It. aˈmore, Esp. aˈmor, Béarnais aˈmu ; - Fr. aˈmi, It. aˈmico, Esp. aˈmigo, Béarnais aˈmik ; - Fr. ˈpauvre, It. ˈpovero, Esp. ˈpobre, Béarnais ˈpraube.

Dans tous ces mots, c’est l’accent latin des mots amorem, amicum, pauperem qui a été conservé ; seulement en Français, les syllabes qui suivaient l’accent ont disparu ; dans les autres langues romanes, elles ont été conservées en tout ou en partie.

 

 

 

 

 

Voici la Table des matières (cliquez sur la photo pour l'agrandir) :

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3 août 2020

Phonétique Internationale ! 17 transcriptions à partager

 

Français du Nord, Français du Midi, Français de Suisse, Espagnol de Castille, Espagnol d'Amérique, Portugais, Italien, Anglais du Nord, Anglais du Sud, Anglais d'Amérique, Allemand, Hollandais, Danois, Norvégien, Suédois, Islandais, Russe !

 

     L'hébergeur de ce blog me permet, comme administrateur, d'accéder à certaines données sur vous autres, visiteurs de ces pages. Ainsi je peux connaître les nationalités des 100 derniers visiteurs. Par exemple, à l'instant où j'écris ce message, la réponse est : France, Etats-Unis, Espagne, Liban, Mexique, Portugal, Algérie, Argentine, Slovaquie, Japon, Italie, Maroc, Colombie, Canada, Ukraine, Mali, Belgique... 

     Je l'ai déjà écrit à de nombreuses reprises ici, l'Alphabet Phonétique International est né de la collaboration de deux associations d'enseignants de langues, au Royaume-Uni et en France, l'anglais et le français étant des langues dont les orthographes sont très loin d'être phonétiques. Le Maître Phonétique, parution de l'Associaition de Phonétique Internationale, a toujours proposé des transcriptions phonétiques dans diverses langues.

     En reparcourant la Petite Phonétique des Principales Langues Européennes, de Paul Passy, je lis en fin d'ouvrage, sous la rubrique Textes :

285] Nous allons maintenant donner quelques textes des principales langues européennes dont nous nous sommes occupés, transcrits phonétiquement. Ils sont tous représentés en écriture pratique, c'est-à-dire que nous négligeons tout ce qui peut se sous-entendre ou s'expliquer d'un mot une fois pour toute. On voudra donc bien, pour la nuance exacte de chaque son dans une position donnée se reporter aux descriptions données plus haut ; nous ajoutons quelques notes quand c'est utile. Tous ces textes sont en prononciation familière ralentie.

 

     Voici donc 17 langues ou variétés transcrites en API. N'hésitez pas à envoyer l'image à vos amis de partout, afin qu'ils s'amusent à déchiffrer et éventuellement discutent ces transcriptions ! J'attends les versions orthographiques en commentaires de ce post. Au travail !

      Attention, certains textes se trouvent sur plus d'une image. Cliquez sur l'image pour l'agrandir.

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On trouve de telles transcriptions "internationales" dans le Handbook of the International Phonetic Association (1999), avec des transcriptions fines d'enregistrement de natifs (Cécile Fougeron pour le français).

 

 

 

2 août 2020

Archive : Prononciation du français standard, de Léon

[Dans la catégorie Archives, je présente un ouvrage de ma bibliothèque et j'en donne un court extrait.]

 

(éditions de 1966 et 1972)

 

     Pierre Roger Léon et Monique Léon sont deux auteurs incontournables en phonétique du FLE ayant fait l'essentiel de leur carrière à Toronto au Canada, après Paris et Besançon.

     Leurs ouvrages s'apparentent le plus souvent à des "manuels" car ils présentent généralement, outre des descriptions et des informations, des activités et des exercices qui s'adressent aux étudiants et/ou aux enseignants.

     Prononciation du Français Standard : aide-mémoire d'orthoépie à l'usage des étudiants étrangers, Paris : Didier, 1966, de Pierre R. Léon, a été d'abord publié par le Cercle de Linguistique Appliquée de l'université de Besançon en 1962 sous le titre : Aide-mémoire d'orthoépie : des formes orales aux formes écrites / Règles expliquées de prononciation française, exercices pratiques de transcription. Ce long titre en décrit parfaitement le contenu. L'ouvrage paraît dans le contexte de la méthodologie audio-orale. C'est aujourd'hui encore un ouvrage incontournable en phonétique du français langue étrangère.

     La notion d'orthoépie n'est pas à mon sens toujours clairement utilisée, elle l'est d'ailleurs rarement aujourd'hui. Universalis propose : "en phonétique, étude de la prononciation correcte des mots"... écrits? Léon l'utilise ici dans un sens qu'il précise : "des formes orales aux formes écrites", autrement dit, il aborde les sons du français sous l'angle des correspondances phonies-graphies. On pourrait discuter cet angle de travail "phonétique", rapporté d'emblée aux formes orthographiques du français, souvent complexes (par exemple pour les voyelles nasales). Mais comme il le précise lui-même, l'ouvrage vise à aider les étudiants "à classer les sons qu'ils ont [déjà] appris". On ne trouvera donc ici aucune information de type articulatoire ou acoustique.

    L'ouvrage traite systématiquement de tous les sons du français, voyelles orales, semi-consonnes, voyelles nasales, consonnes, et des liaisons (voir la Table des matières en fin de ce message). Chaque leçon propose un tableau où le son est illustré dans ses différentes graphies dans des mots en fonction de sa distribution (initiale, "médiale" - on dit communément médiane, finale).

     Exemples, ici avec [y] et [u] :

 

 

     Suivent des Exercices de transcription (après plusieurs écoutes, de l'orthographe vers l'Alphabet Phonétique International - voir les détails dans l'Avant-propos ci-dessous) , des Remarques, des Problèmes (questions) et un point Phonémique.

    Léon consacre un chapitre aux "voyelles orales à deux timbres" (E - EU - O - A), terminologie qui fait voir rouge à Georges Boulakia qui ne parle avec justesse que de "voyelles moyennes" (terme n'intégrant évidemment pas [a] et [ɑ]).

    J'ai choisi de restituer ici l'Avant-Propos qui précisela conception pédagogique de l'ouvrage et qui insiste sur la nécessité de pratiquer l'écoute répétée en variant les activités associées (lecture API, transcption orthgraphique, transcription API, etc.)

 

 

 

Pierre R. LÉON, Prononciation du Français Standard : aide-mémoire d'orthoépie à l'usage des étudiants étrangers, Paris : Didier, 1966

 

 

AVANT-PROPOS

 

L’orthoépie définit les règles de la prononciation par rapport aux règles graphiques et énonce les lois phonétiques qui gouvernent le système phonique d’une langue. C’est en somme la « grammaire des sons d’une langue ».

 

On ne commence plus l’apprentissage d’une langue par la grammaire. Mais la grammaire permet, lorsqu’on sait parler, de clarifier, en les ordonnant, les notions qu’on a apprises. De même, cet aide-mémoire d’orthoépie est destiné aux étudiants qui veulent classer les sons qu’ils ont appris en les rattachant soit aux structures sonores, soit aux graphies du français.

 

Il y a un grand nombre de prononciations différentes sur tout le territoire français (voir : Martinet, La prononciation du français contemporain). Mais, à côté de toutes les variantes possibles, il existe une norme standard, définie par de nombreux traités de prononciation (voir par exemple : P. Fouché, Traité de prononciation française). Cette norme est souvent interprétée de façon trop rigide par les étudiants étrangers qui perdent leur temps à apprendre des subtilités au lieu de corriger l’essentiel de leur accent d’abord. C’est pourquoi il nous a paru nécessaire de tenir compte à la fois du modèle idéal du « bon usage » mais aussi des latitudes acceptées par tous les sujets parlants. En résumé, nous avons voulu :

 

1. présenter, non pas un traité détaillé de toutes les règles de prononciation française mais un opuscule aussi schématique et simplifié que possible de ces règles, sur un plan aussi pédagogique que possible.

 

2. indiquer à côté de la norme phonétique, les tolérances admises et les tendances actuelles de la prononciation française.

 

Il nous a paru surtout nécessaire de modifier la présentation traditionnelle qui va de la graphie au son. Les nouvelles méthodes audio-orales enseignent la structure sonore de la langue d’abord. Il s’agit ensuite de retrouver les équivalents graphiques. Nous avons essayé de nous en tenir le plus possible à cette démarche : du son aux signes graphiques. Mais la présentation adoptée, sous forme de tableaux synoptiques, permet de partir aussi bien des graphies si on le désire.

 

Enfin nous avons voulu insister non pas sur les subtilités des exceptions aux règles mais sur l’aspect linguistique du problème, qui a été le plus souvent négligé ou ignoré dans les traités d’orthoépie. Nous avons tenté de faire prendre conscience de l’importance de la distribution, de la fréquence d’emploi et de l’aspect fonctionnel des sons. En étudiant les tableaux de présentation des sons on verra ainsi que certains d’entre eux n’apparaissent presque jamais en initiale comme le [ɲ] que certaines graphies ne sont jamais employées en finale absolue, comme le v, etc. On verra que certaines voyelles comme le [ɑ] de pâtes ne représentent dans la langue parlée que 0,2% des cas, contre 8% pour le [a] de patte. On s’apercevra que certains sons remplissent une fonction linguistique importante comme le i par rapport au u, alors que d’autres voyelles ont des timbres qui peuvent varier sans entrainer de changement dans le sens du mot. Prononcer le ai de maison comme le ê de fenêtre ou comme le é de thé n’a pas d’importance pour la compréhension du mot. Nous donnerons ici la prononciation standard admise officiellement mais nous indiquerons toujours les latitudes auxquelles on peut s’attendre de la part des francophones, sans qu’il y ait faute linguistique.

 

Conseils aux étudiants pour l’utilisation de cet aide-mémoire

 

Les étudiants débutants peuvent ignorer les Remarques qui ne concernent que les cas exceptionnels et se dispenser de répondre aux questions des Problèmes. Mais il faudra toujours :

 

1. Ecouter l’enregistrement qui correspond aux Exercices de transcription phonétique. (Ecouter avec le livre fermé.)

 

2. Ecouter à nouveau en suivant la transcription phonétique (Ecouter plusieurs fois. La transcription phonétique est donnée à la fin du livre)

 

3. Ecouter à nouveau en suivant le texte orthographique.

 

4. S’exercer à transcrire le texte orthographique (sans regarder la transcription). Vérifier la transcription à l’aide des « clés », et à partir de la transcription s’exercer à retrouver la graphie.

 

Pour les étudiants les plus avancés, continuer en s’exerçant à :

 

5. Etudier le tableau des équivalences sons-graphies.

 

6. Répondre aux questions des problèmes. (La solution se trouve toujours indiquée dans la leçon. Si on ne la trouve pas, se reporter aux Clés de la fin du livre.) Ce travail doit permettre de mieux comprendre la leçon.

 

7. Etudier l’aspect phonémique de la leçon.

 

8. Réécouter l’enregistrement, transcrire le texte à nouveau et répéter les exemples à voix haute plusieurs fois.

 

 

Conseils aux professeurs

 

On a souvent exagéré l’importance des règles d’orthoépie. Elles ne constituent qu’un aspect de la prononciation, puisqu’elles concernent surtout le timbre des phonèmes. L’usage de cet aide-mémoire ne peut donc dispenser des exercices orthophoniques concernant le phonétisme français. (Voir à ce sujet Introduction à la Phonétique corrective et Exercices systématiques.)

 

Néanmoins à un certain stade que le professeur saura seul déterminer, l’étude des règles d’orthoépie sera nécessaire.

 

Dans cette étude qui doit être une mise au point des connaissances déjà acquises par la pratique, l’essentiel est d’obtenir avec un minimum d’effort et de temps, un maximum d’efficacité. Le meilleur moyen pour cela est de laisser les étudiants travailler seuls, à leur propre rythme, comme dans un cours programmÉ, avec le livre et l’enregistrement sonore. (On a beaucoup médit de la transcription phonétique. En fait, elle est très facile à apprendre et elle peut être un excellent moyen mnémo-technique. Il suffit seulement de lui donner la place qu’elle mérite – après les exercices pratiques oraux.)

 

 

      J'ajoute en bonus le tableau des graphies des liaisons obligatoires : 

 

 

 

... et la Table des matières de l'ouvrage de 1966 :

 

 

 

 

 

 

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2 août 2020

Archive : Précis Historique de Phonétique Française, de Bourciez

[Dans la nouvelle catégorie Archives, je présente un ouvrage de ma bibliothèque et j'en donne un court extrait.]

 

 

(éditions de 1937 et 1967)

 

     Ceux qui ont travaillé avec cet ouvrage s'en souviennent à vie (en bien ou en mal...)

 

     Le Précis historique de Phonétique Française du linguiste gascon Edouard Bourciez (publié une dizaine de fois de 1889 à 1989, parfois sous le titre de Phonétique française) est l'ouvrage de référence des cours qui traitent de l'évolution phonétique du latin au français moderne. Toutes les règles d'évolution phonétique pour les voyelles accentuées et initiales et les consonnes y sont précisément énoncées (voir la Table des matières et les Tableaux récapitulatifs à la fin de ce message pour les nostalgiques). On y apprend de nombreux termes de spécialité comme pénultième (ou avant-dernière) et les paroxytons, et propénultième (on dit aussi antépénultième, c'est-à-dire troisième syllabe avant la fin) et les proparoxytons....

 

     L'ouvrage débute par une introduction en deux chapitres, dont le premier s'intitule Origine et Formation de la Langue Française. Succinct et précis, ce chapitre rappelle les étapes essentielles de la formation du français. Tout étudiant en Sciences du Langage devrait pouvoir en restituer tous les éléments. C'est l'extrait (les huit premiers points du chapitre qui en compte onze) que j'ai choisi dans cet ouvrage car il me semble pouvoir intéresser tout francophone, au moins comme rappel.

 

 

Origine et Formation de la Langue Française

(extrait de Précis historique de Phonétique Française, par Edouard BOURCIEZ, Paris : Klincksieck, 1937 (Huitième édition)

 

1. La langue française appartient au groupe des langues romanes. Elle est, dans son fond essentiel (mots, formes, structures de la phrase), une transformation de la langue latine.

 

2. Le latin était à l’origine un idiome assez grossier, parlé dans le Latium à l’embouchure du Tibre, et proche parent des autres dialectiques italiques qui l’entouraient  l’Osque au sud-est, l’Ombrien au nord). A Rome, une distinction s’établit avec le temps entre le latin classique (sermo urbanus) dont se sont servis les écrivains comme Cicéron, César, Virgile, etc., et le latin vulgaire (sermo plebeius) dont usait le peuple. Le latin classique ou littéraire s’était poli au contact de la culture grecque, et fut arrêté dans son évolution par les grammairiens ; le latin vulgaire ou parlé, tout en conservant des traces d’archaïsme, se développa au contraire librement. Au cours des siècles, ces deux formes de latin en virent à diverger assez profondément entre elles par leur prononciation, leurs flexions, leur syntaxe ; elles différaient aussi par l’emploi d’un vocabulaire en partie distinct.

 

3. C’est essentiellement du latin vulgaire, importé par les soldats, les colons, les commerçants dans toutes les parties de l’empire romain, et adapté aux organes vocaux de peuples divers, que sont sorties les langues romanes. Ces langues sont au nombre de sept principales, qui se répartissent géographiquement en trois groupes : 1° groupe du Sud-Est, comprenant l’italien parlé dans la péninsule italique ; le rhétique, parlé dans les Grisons, le Tyrol et le Frioul ; le roumain parlé dans le bassin inférieur du Danube ; 2° groupe du Sud-Ouest, comprenant l’espagnol et le portugais, parlés dans la péninsule ibérique ; 3° groupe du centre, comprenant le provençal et le français, parlés sur le territoire de l’ancienne Gaule.

 

4. Avant l’établissement des Romains dans la Narbonnaise (125-118 av. JC) et la conquête du reste de la Gaule par Jules César (59-51 av. JC), les Gaulois parlaient une langue celtique se rattachant à un des groupes de la famille indo-européenne (indo-iranien, tokharien, hittite, arménien, grec, italique, celtique, germanique, balto-slave, albanais). Un des résultats de la conquête romaine fut l’effacement progressif des idiomes gaulois, qui n’ont laissé dans notre vocabulaire que des traces assez faibles (termes rustiques) ; puis la diffusion (achevée par la prédication chrétienne) de la langue latine qui, à la fin du IVe siècle, lors de la dissolution de l’Empire, était devenue, sous sa forme vulgaire, la seule langue parlée en Gaule. Les grandes invasions du Ve siècle, l’établissement successif des Wisigoths, des Burgondes, des Francs, au milieu des populations gallo-romaines, vinrent hâter l’altération de ce latin vulgaire, et introduisant dans son lexique un assez fort contingent de mots germaniques (termes de guerre et de droit, noms d’objets usuels).

 

5. Des textes du VIIe et du VIIIe prouvent que, vers la fin de la période mérovingienne, le latin vulgaire s’était déjà transformé, surtout par des changements phonétiques, en une langue nouvelle qu’on appelait lingua romana rustica. Mais cette langue romane de l’ancienne Gaule prit assez rapidement des caractères différents, suivant qu’elle était parlée au Nord ou au Midi. Au Sud (dans le bassin de la Garonne, le Limousin, l’Auvergne et le bassin du Rhône (au-dessous de Lyon), elle devient la langue d’oc, dont le provençal des Troubadours, fut au moyen âge la forme littéraire. Au Nord, elle devient la langue d’oïl, dont le français est la forme moderne, et dont les Serments de Strasbourg, prononcés en 842, sont le plus ancien monument, avec la Cantilène d’Eulalie composée aux environs de l’an 900. Antérieurement, les Gloses de Reichenau et Gloses de Cassel, qui semblent être du VIIIe siècle, fournissent de précieux renseignements sur l’évolution du latin usité, vers cette époque, au Nord de la Gaule.

 

6. La langue d’oïl, telle qu’on la parla du IXe siècle au XIVe siècle, comprenait pendant le moyen âge un certain nombre de dialectes, distincts entre eux surtout par des différences de prononciation. Ces dialectes, dont les limites ont toujours été un peu flottantes, et auxquels on a conservé les noms de nos anciennes provinces, étaient : 1° au Nord-Est, le picard et le wallon ; 2° à l’Est, le champenois, le lorrain, le franc-comtois, le bourguignon ; à l’Ouest, le saintongeois, le poitevin, l’angevin [la langue bretonne n’est pas mentionnée parmi les dialectes]; 4° au Nord-Ouest, le normand ; au Centre enfin, dans le bassin moyen de la Seine et la région d’entre Seine et Loire, le dialecte de l’Ile-de-France.

 

7. C’est ce dialecte de l’Ile-de-France, sous la forme spéciale où on le parlait à Paris, qui, pour des motifs politiques, a fini par supplanter les autres comme langue littéraire. Dès la fin du XIIe siècle, il affirmait sa prééminence et se répandit de plus en plus en raison directe des progrès de la royauté et de la centralisation administrative qui en fut la conséquence. Toutefois, c’est seulement à partir du XVe siècle que les autres dialectes (y compris ceux de la langue d’oc du Midi) furent définitivement réduits à l’état de patois. Mais, à ce moment-là, la langue centrale elle-même était en pleine crise de transformation (perte de l’ancienne déclinaison à deux cas, simplification des formes verbales, influence croissante du latinisme, etc.) ; elle ne reprit vraiment son équilibre et ne trouva son type définitif qu’à la suite des réformes de Malherbe et de Vaugelas, consacrées par les chefs-d’œuvre classiques du XVIIe siècle.

 

8. L’histoire de notre langue peut en somme se diviser en trois périodes qui ont chacune un caractère assez spécial : période de l’ancien français (du IXe siècle à la fin du XIIIe) ; période transitoire dite du moyen français (XIVe – XVIe siècles) ; période du français moderne (du début du XVIIe siècle à nos jours).

 

 

 

    Voici la Table des matières de l'ouvrage de 1967 (cliquer sur l'image pour l'agrandir) :

 

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 Et les quatre Tableaux récapitulatifs (cliquez sur la photo pour l'agrandir) :

 

 

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