L'enseignement se réfère depuis quelques décennies aux "besoins de l'apprenant". Je ne comprends donc pas pourquoi l'on persiste à faire apprendre aux enfants français du primaire (souvent en CE1, c'est-à-dire à 7 ans !) cette fable de La Fontaine dans laquelle le lexique (dépourvue, bise, vermisseau...) et les structures (participe passé, passé antérieur, ne vous déplaise...) me semblent si sophistiqués, d'un usage disparu ou presque et si peu adéquats à leur niveau. Voir les enfants mémoriser, souvent dans la douleur, un texte dont ils ne maîtrisent pas les contenus qui ne leur serviront que très exceptionnellement, m'attriste toujours... Alors pourquoi ? Parce que les personnages sont des animaux ? Par pure tradition littéraire ? Ne pourrait-on pas au moins, au nom de la difficulté de ce texte, en différer le travail de quelques années ?
Je trouve tout aussi incompréhensible de faire travailler cette fable en FLE pour les mêmes raisons de complexité. Et si l'argument personnages / animaux séduisants pour les enfants ne tient plus, il ne reste que l'intérêt littéraire... Mais rien de très fonctionnel dans tout cela !
Je vois que certains accèdent au blog en cherchant une transcription phonétique de cette fable. Elle est en effet déjà évoquée dans un extrait du périodique "Le Maître Phonétique", cité dans un précédent message.
Pour répondre à cette demande, en voici donc une version complète en orthographe et Alphabet Phonétique International, transcription faite à partir de l'écrit (et non d'après un enregistrement / une prononciation particulière). J'utilise donc les archiphonèmes pour les voyelles d'aperture moyenne en syllabe inaccentuée (voir (1) (2) (3)).
Merci de me signaler toute erreur de transcription !
La Cigale et la fourmi [lasigal / elafuʁmi //
La Cigale, ayant chanté lasi'gal / Ejɑ̃ʃɑ̃'te /
Tout l'été tule'te/
Se trouva fort dépourvue sŒtʁu'va / fɔʁdEpuʁ'vy /
Quand la bise fut venue : kɑ̃la'biːz / fyvŒ'ny //
Pas un seul petit morceau pazɛ̃'sœlpŒtimɔʁ'so /
De mouche ou de vermisseau. dŒ'muʃ / udŒvɛʁmi'so //
Elle alla crier famine ɛla'lakʁiefa'min /
Chez la Fourmi sa voisine, ʃelafuʁ'mi / savwa'zin /
La priant de lui prêter lapʁi'ɑ̃ / dŒlɥipʁE'te /
Quelque grain pour subsister kɛlkŒ'gʁɛ̃ / puʁsybzis'te /
Jusqu'à la saison nouvelle. ʒyskalasɛzõnu'vɛl //
"Je vous paierai, lui dit-elle, ʒŒvupE'ʁE / lɥidi'tɛl /
Avant l'Oût, foi d'animal, avɑ̃'lut / fwadani'mal /
Intérêt et principal. " ɛ̃tE'ʁɛ / epʁɛ̃si'pal //
La Fourmi n'est pas prêteuse : lafuʁ'mi / nEpaspʁE'tøːz //
C'est là son moindre défaut. sE'la / sõmwɛ̃dʁŒde'fo //
Que faisiez-vous au temps chaud ? kŒfŒzje'vu / otɑ̃'ʃo /
Dit-elle à cette emprunteuse. di'tɛl / asɛtɑ̃pʁɛ̃'tøːz //
- Nuit et jour à tout venant nɥite'ʒuʁ / atuvŒ'nɑ̃ /
Je chantais, ne vous déplaise. ʒŒʃɑ̃'tɛ / nŒvude'plɛ:z //
- Vous chantiez ? j'en suis fort aise. vuʃɑ̃'tje / ʒɑ̃sɥifɔʁ'tɛːz //
Eh bien! dansez maintenant. e'bjɛ̃ / dɑ̃'se / mɛ̃tŒ'nɑ̃ // ]
(La Cigale et la Fourmi, illustration de Gustave Doré)