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Enseignement/Apprentissage de la Prononciation du Français
Enseignement/Apprentissage de la Prononciation du Français
9 juillet 2013

Cultures rythmiques

    

     J’ai toujours été étonné de constater qu’en écoutant de la musique rythmée en compagnie de mon ami Lahcen (qui est marocain), nous avions spontanément systématiquement une manière opposée de marquer le rythme, en syncope. Depuis, j’ai appris le plaisir de me laisser habiter par cet autre rythme et à jouer entre temps et contretemps.

Rythme

Entendre un rythme dans une successivité est donc un processus fortement marqué par la langue et la culture. C’est probablement ce qu’a voulu illustrer la chanteuse belge d’origine anglo-égyptienne Natasha Atlas dans la reprise qu’elle propose de la chanson I put a spell on you, en faisant se suivre deux manières différentes de marquer le rythme (induisant pour chacune une opposition entre le temps et le contre temps). L'extrait est présenté dans le diaporama ci-dessous.

C’est en écoutant le chanteur guitariste anglo-américain Leon Redbone lors d’un passage dans une émission télévisée, et en entendant le public marquer ce qui m’apparaît spontanément comme des contretemps que j’ai voulu vous proposer de tester votre culture rythmique. L'extrait est aussi présenté dans le diaporama ci-dessous.

À vous de jouer !

 Les chansons en entier sont ici : Natasha Atlas / Leon Redbone

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5 juillet 2013

Morceaux choisis (3)

 

Morceaux choisis précédents : (1) (2)

L'invitation au voyage, de Charles Baudelaire.

apres_restauration

 

La musique du diaporama est Nochas buenas, de Esther Lamandier.
Les peintures sont de Félix Ziem (1821-1911), dont une exposition a lieu au Petit Palais à Paris jusqu'au 4 août.

 

Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.


 

3 juillet 2013

La Cigale et la Fourmi en API

 

     L'enseignement se réfère depuis quelques décennies aux "besoins de l'apprenant". Je ne comprends donc pas pourquoi l'on persiste à faire apprendre aux enfants français du primaire (souvent en CE1, c'est-à-dire à 7 ans !) cette fable de La Fontaine dans laquelle le lexique (dépourvue, bise, vermisseau...) et les structures (participe passé, passé antérieur, ne vous déplaise...) me semblent si sophistiqués, d'un usage disparu ou presque et si peu adéquats à leur niveau. Voir les enfants mémoriser, souvent dans la douleur, un texte dont ils ne maîtrisent pas les contenus qui ne leur serviront que très exceptionnellement, m'attriste toujours... Alors pourquoi ? Parce que les personnages sont des animaux ? Par pure tradition littéraire ? Ne pourrait-on pas au moins, au nom de la difficulté de ce texte, en différer le travail de quelques années ?

Je trouve tout aussi incompréhensible de faire travailler cette fable en FLE pour les mêmes raisons de complexité. Et si l'argument personnages / animaux séduisants pour les enfants ne tient plus, il ne reste que l'intérêt littéraire... Mais rien de très fonctionnel dans tout cela !

Je vois que certains accèdent au blog en cherchant une transcription phonétique de cette fable. Elle est en effet déjà évoquée dans un extrait du périodique "Le Maître Phonétique", cité dans un précédent message.

Pour répondre à cette demande, en voici donc une version complète en orthographe et Alphabet Phonétique International, transcription faite à partir de l'écrit (et non d'après un enregistrement / une prononciation particulière). J'utilise donc les archiphonèmes pour les voyelles d'aperture moyenne en syllabe inaccentuée (voir (1) (2) (3)).

Merci de me signaler toute erreur de transcription !

 

La Cigale et la fourmi              [lasigal / elafuʁmi //


La Cigale, ayant chanté              lasi'gal / Ejɑ̃ʃɑ̃'te /
Tout l'été                                     tule'te/
Se trouva fort dépourvue            sŒtʁu'va / fɔʁdEpuʁ'vy /
Quand la bise fut venue :            kɑ̃la'biːz / fyvŒ'ny //
Pas un seul petit morceau          pazɛ̃'sœlpŒtimɔʁ'so /
De mouche ou de vermisseau.   dŒ'muʃ / udŒvɛʁmi'so //
Elle alla crier famine                   ɛla'lakʁiefa'min /
Chez la Fourmi sa voisine,         ʃelafuʁ'mi / savwa'zin /
La priant de lui prêter                 lapʁi'ɑ̃ / dŒlɥipʁE'te /
Quelque grain pour subsister     kɛlkŒ'gʁɛ̃ / puʁsybzis'te /
Jusqu'à la saison nouvelle.        ʒyskalasɛzõnu'vɛl //
"Je vous paierai, lui dit-elle,       ʒŒvupE'ʁE / lɥidi'tɛl /
Avant l'Oût, foi d'animal,             avɑ̃'lut / fwadani'mal /
Intérêt et principal. "                   ɛ̃tE'ʁɛ / epʁɛ̃si'pal //
La Fourmi n'est pas prêteuse :  lafuʁ'mi / nEpaspʁE'tøːz //
C'est là son moindre défaut.      sE'la / sõmwɛ̃dʁŒde'fo //
Que faisiez-vous au temps chaud ?   kŒfŒzje'vu / otɑ̃'ʃo /
Dit-elle à cette emprunteuse.     di'tɛl / asɛtɑ̃pʁɛ̃'tøːz //
- Nuit et jour à tout venant          nɥite'ʒuʁ / atuvŒ'nɑ̃ /
Je chantais, ne vous déplaise.    ʒŒʃɑ̃'tɛ / nŒvude'plɛ:z //
- Vous chantiez ? j'en suis fort aise.  vuʃɑ̃'tje / ʒɑ̃sɥifɔʁ'tɛːz //
Eh bien! dansez maintenant.      e'bjɛ̃ / dɑ̃'se / mɛ̃tŒ'nɑ̃ // ]

La_cigale_et_la_fourmi_illustration_dore

(La Cigale et la Fourmi, illustration de Gustave Doré)

2 juillet 2013

Encore [ɑ̃] !

 

     Pourquoi [ɑ̃] toujours et encore ? (voir les autres messages traitant des voyelles nasales (1) (2) )

Parce que [ɑ̃] est probablement la voyelle nasale la plus difficile à maîtriser.
[ɛ̃] est simplement fermé et étiré, [ɔ̃] est simplement fermé et arrondi.

Mais [ɑ̃], qui doit s'opposer aux deux autres voyelles nasales est :
- ouverte, contrairement à [ɛ̃] et [ɔ̃],
- avec les coins de la bouche resserrés, pour s'opposer au sourire de [ɛ̃],
- les lèvres plutôt protuses, pour s'opposer au resserrement de [ɔ̃].
On voit la complexité articulatoire...

Ce n'est pas tellement plus simple du côté acoustique... [ɛ̃] est aigu, [ɔ̃] est grave, [ɑ̃] est aussi plutôt grave, mais bien moins grave que [ɔ̃]...

Sans compter avec "Non" prononcé [nɔ̃] ou [nɑ̃], et les jeunes qui ont tendance à fermer / assombrir [ɑ̃] : "les parents " [lepa'ʁɔ̃]...

Pour s'entraîner, La lune blanche, de Paul Verlaine.

La lune blanche / Luit dans les bois ;
De chaque branche / Part-une voix / Sous la ramée...
Ô bien-aimée.

L'étang reflète, / Profond miroir,
La silhouette / Du saule noir / Où le vent pleure...
Rêvons, c'est l'heure.

Un vaste-et tendre / Apaisement
Semble descendre / Du firmament / Que l'astre-irise...
C'est l'heure exquise.

La musique du diaporama est le célèbre Clair de lune de Claude Debussy, interprété par les Swingle Singers.

 

 

 

 

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