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Enseignement/Apprentissage de la Prononciation du Français
Enseignement/Apprentissage de la Prononciation du Français
18 mai 2020

Encore [e] et [ɛ] ...

 

     Erwan, qui a bientôt 8 ans, découvre les complexités de l'orthographe du français et cherche des indices dans la prononciation : ce sont les correspondances phonie-graphie. Ainsi, il demande à sa mère pourquoi ce n'est pas un É dans le mot descendre "puisqu'on prononce bien [e], non? Ce n'est pas un È ([ɛ]) par hasard? Quelle est la règle? "

Le Petit Robert, édition 1986, confirme l'intuition d'Erwan : descendre est ici transcrit [desɑ̃dʁ].

J'ai déjà évoqué ici de nombreuses fois les problèmes posés par la prononciation de [e/ɛ] en général et tout particulièrement en syllabe inaccentuée.

 

 

Rappel 1 - Un cas à part : [e/ɛ] en syllabe accentuée ouverte (mot se terminant par la voyelle phonétique)

Nous avons vu qu’il existe de très nombreuses paires minimales en syllabe ouverte attestant de l’opposition [e/ɛ]. Or, et de plus en plus, certains mots traditionnellement prononcés [ɛ] sont aujourd’hui produits [e].

 •(1) Doivent être prononcées [e], les graphies : ER (aller, dîner, boulanger, léger – sauf quelques rares mots : mer, fer, hiver, cancer…), É (allé, dîné, santé), ÉE (rosée, allée), EZ (nez, allez).

 •(2) Devraient être prononcées [e], mais sont parfois prononcée [ɛ] : la graphie AI : je ferai, le quai, c’est vrai, un balai… ; la graphie ES : les, des, ces, mesOn peut donc considérer ici que le choix du timbre est libre puisque c’est ce que les apprenants entendront auprès des locuteurs natifs.

 •(3) Devraient être prononcées [ɛ] mais sont de plus en plus souvent produits [e] : les graphies -ET : un billet, un ticket... ; -AIS : jamais, tu savais… ; -AIT : du lait, l'imparfait, il savait… ; -AIENT : ils savaient… ; -AIE : la craie, que j’aie… ; -AID : laid ; -AIX : la paix ; -AY : Viroflay. Mais aussi les graphies -È : dès que, du grès, -Ê : dans la forêtOn peut donc considérer ici que le choix du timbre est libre puisque c’est ce que les apprenants entendront auprès des locuteurs natifs.

 

Rappel 2 - Dans le n° 318 (nov.-déc.2001) du Français dans le monde, François Wioland précise l’usage des archiphonèmes en syllabes inaccentuées dans un article intitulé : « Que faire de la graphie « e » ?

« En syllabes inaccentuables ouvertes, c’est-à-dire en syllabes non finales de mots, les oppositions de timbres [e]/[ɛ] (...) sont neutralisées au profit d’un timbre moyen (j'ajouterai "ou variable") que l’on peut représenter par l'archiphonème [E]. Nous proposons donc à titre d’exemples, contrairement aux dictionnaires (...) qui semblent ignorer l’existence des syllabes inaccentuables :

- [E] pour les graphies soulignées des mots phonétiques suivants : « les élèves » [lEzE’lɛv], « vous aimez » [vuzE’me], « essayez » [EsE’je]; « mon pays » [mɔ̃pE’i], « la météo » [lamEtE’o], du plaisir » [dyplE’ziR], etc.

 

 

     J'ai entendu très récemment le refrain de La paix de Julien Barbagallo qui atteste de la grande liberté actuelle entre les deux timbres, même en syllabes accentuées.

Barbagallo est certes orginaire d'Albi (où [e] l'emporte sur [ɛ] - cf.(3) ci-dessus. Le refrain de sa chanson est le suivant :

 

"Tout ce que je voulais, tout ce dont je rêvais,

Tout ce que je voulais, c'était trouver la paix."

 

Avant d'écouter son interprétation, précisez votre propre prononciation :

voulait = [vulɛ / vule] ? ; rêvais = [ʁɛvɛ / ʁeve] ? ; c'était = [setɛ / sete] ? ; trouver = [tʁuve / tʁuvɛ] ? ; la paix = [lapɛ / lape] ?

 

Faites vos jeux ! Les jeux sont faits ?

Ecoutez maintenant les choix phonétiques de Barbagallo. Qu'en pensez-vous? N'hésitez pas à partager d'autres exemples chantés de ce type en commentaire du post.

 

 

 

 

 Sur l'usage variable des timbres [e/ɛ], il faut aussi mentionner le chanteur Damien Saez qui prononce presque uniquement le timbre [ɛ] même pour les verbes -ER à l'infinitif (marcher, laisser, oublier, fumer, s'entraîner...), les mots en -É (blé, santé, télé), etc., singularité phonétique dont les imitateurs se sont emparés, comme ici Frédéric Fromet :

 

 

 

 

 

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