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Enseignement/Apprentissage de la Prononciation du Français

Enseignement/Apprentissage de la Prononciation du Français
1 mai 2019

Pour faire le portrait d'un oiseau... en trio

   

 

     Pour s'entraîner à la prononciation, il est toujours précieux d'avoir à disposition des échantillons variés de productions natives afin de commencer à établir des catégories de phonèmes, de relever la variété dans la constitution des groupes rythmiques, etc. Je rappelle qu'un phonème est une catégorie (phonologique) abstraite, une sorte d'étiquette mentale regroupant les diverses réalisations (phonétiques) possibles d'un son fonctionnel dans une langue. L'esprit est fort (le phonème), mais la chair est faible (sa réalisation phonétique est variable) comme l'avait rappelé John Ohala, professeur de phonétique et phonologie à Berkeley, en introduction de ses présentations parisiennes.

     Etre exposé aux unités de la langue dans leur diversité phonétique semble donc d'une grande utilité pour l'apprenant.

     C'est pourquoi, j'ai de nouveau élaboré un montage de plusieurs voix sur un même texte, ici le célèbre poème de Jacques Prévert : Pour faire le portrait d'un oiseau (Paroles, 1945).

     J'ai compilé les enregistrements de Serge Reggiani et de Annie Girardot auxquels j'ai ajouté le mien. (Il existe bien d'autres enregistrements de ce poème sur internet). Serge Reggiani parle haut et fort, Annie Girardot, à voix basse et rapide et moi, très lentement. J'ai alterné les voix et aménagé un temps de répétition. L'ensemble fait un document long (11 minutes), dont on peut se servir sans avoir recours à l'écrit, les groupes étant généralement suffisamment courts (et répétés 3 fois) pour être mémorisés.

     Je serai curieux de recueillir vos commentaires sur l'intérêt pédagogique d'un tel support d'entraînement (voir aussi Le petit Prince, sur le même principe).

 

 

 

 

 

 

Pour faire le portrait d'un oiseau

Peindre d’abord une cage
avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d’utile
pour l’oiseau
placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l’arbre
sans rien dire
sans bouger…
Parfois l’oiseau arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider
Ne pas se décourager
attendre
attendre s’il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l’arrivée de l’oiseau
n’ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau
Quand l’oiseau arrive
s’il arrive
observer le plus profond silence
attendre que l’oiseau entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis
effacer un à un tous les barreaux
en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l’oiseau
Faire ensuite le portrait de l’arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l’oiseau
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l’herbe dans la chaleur de l’été
et puis attendre que l’oiseau se décide à chanter
Si l’oiseau ne chante pas
c’est mauvais signe
signe que le tableau est mauvais
mais s’il chante c’est bon signe
signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l’oiseau
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.

 

 

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19 février 2019

Témoignages d'étudiants

 

 

     Voici trois nouveaux témoignages d'étudiantes, qui viennent s'ajouter aux nombreux précédents... Ces écrits répondent toujours à la même consigne : "Freins et motivations à l'apprentissage de la prononciation d'une langue étrangère - expérience personnelle".

 

 

Salomé, française apprenant l'anglais

 

J’ai commencé à apprendre l’anglais au CM1. A l’époque, l’enseignant se fichait bien de notre prononciation approximative de l’anglais du moment que nous faisions l’effort de l’écouter et d’apprendre notre vocabulaire. On essayait simplement de reproduire ce qu’il disait avec des sons de la langue française.

Je ne me rappelle pas avoir eu des heures consacrées à la prononciation de l’anglais au collège ou au lycée. Je sais seulement que les professeurs nous faisaient travailler la prononciation en nous faisant répéter les mots de vocabulaire ou bien ils nous corrigeaient lorsque nous nous trompions en parlant ou en lisant, ils disaient le mot que nous ne prononcions pas bien puis ils nous le faisaient répéter jusqu’à ce que ça leur convienne devant le reste de la classe. On ne s’est donc jamais attardé sur la phonétique ou encore la transcription. Par contre ils s’attardaient sur les sons [θ] et [ð] qui posaient beaucoup de problèmes mais ce n’était jamais l’objet du cours et le professeur en parlait simplement parce qu’un élève avait fait l’erreur de mal prononcer un de ces sons. Je me souviens d’un manuel au lycée où l’écriture en phonétique était précisée à côté du vocabulaire de la leçon et je me questionnais quant à la pertinence d’avoir ça dans nos manuels si nous ne l’étudions pas en classe. Je m’amusais à lire les transcriptions mais ça s’arrêtait là. En 7 ans de collège-lycée avec 5 professeurs différents je n’ai jamais étudié la prononciation, tout était dans l’imitation de l’enseignant.

Lorsque j’ai commencé ma licence d’anglais, au 2nd semestre de la première année, j’ai découvert et appris l’alphabet phonétique. A ce moment-là je n’étais pas vraiment intéressée. Probablement parce que la professeur n’a pas su me donner l’envie. J’ai toujours essayé d’avoir une bonne prononciation depuis la fin du lycée mais la phonologie ne m’avait pas [encore] intéressée. Ce qui a changé en 2ième année de licence, grâce à Mme Thompson, professeur de phonétique d’origine britannique, qui m’a fait trouver un intérêt à la discipline. Je me souviens qu’au début du semestre on avait dû apprendre les points d’articulation dans la cavité buccale par cœur sans pour autant savoir pourquoi on le faisait. Et toutes les semaines, elle nous demandait de lire un chapitre de English Phonetics et Phonology écrit par Peter Roach. Et le plus intéressant dans tout ça c’est que ma prononciation a connu une nette évolution grâce à ce cours alors que l’on étudiait un peu plus la théorie que la pratique. Mais nous allions au-delà de l’alphabet phonétique puisque nous travaillions aussi sur la musicalité de la langue et ses différentes accentuations. Et ça m’a permis de comprendre comment ça marchait.

En complément du cours de phonologie, j’ai eu pendant un semestre un cours de phonétique avec un professeur américain : M.Ford. C’est grâce à lui que j’ai compris l’intérêt de connaître les différents points d’articulation. Dans son cours il ne s’agissait pas seulement de connaitre la phonétique de l’anglais mais plutôt la phonétique en général. On étudiait des sons qui pouvait autant appartenir à l’anglais, qu’à l’espagnol, au français, au norvégien ou encore à des dialectes africains ou sud-américains dans un manuel appelé Articulatory Phonetics de Bikford et Floyd. On a découvert, par exemple, que la lettre <t> ne se prononçait pas de la même façon en français et en anglais. Contrairement à Mme Thompson il nous faisait travailler énormément la prononciation même celle de langues que nous ne maîtrisions pas. Grâce à ce cours j’étais capable de transcrire phonétiquement les langues que je ne parlais même pas et surtout prononcer chaque son de la langue anglaise grâce à l’apprentissage des points d’articulation. Enfin j’ai passé un an dans le Nord de l’Angleterre où j’ai perfectionné mon anglais.

Les freins dans mon apprentissage étaient multiples. Je pense que tout le monde est plus ou moins passé par la phase : « je veux faire comme les autres et avoir une mauvaise prononciation pour être cool ». Ça a été mon cas mais vu que je n’étais cool ni quand j’avais une mauvaise prononciation ni quand j’essayais d’en avoir une bonne, j’ai continué à suivre l’exemple de mes professeurs. Les moqueries n’ont pas aidé, même si j’arrivais à reproduire plus ou moins bien la prononciation de l’anglais, je n’arrivais pas à me résoudre à le faire de peur des moqueries face aux « bons élèves ». Mais le plus gros frein était le harcèlement scolaire au collège et surtout en seconde au lycée. Bien que la participation en classe de langue soit assez primordiale pour l’apprentissage, la mienne était devenue quasi-inexistante. Le cours d’anglais était ma bête noire puisque l’enseignant n’avait absolument aucune autorité sur ma classe qui passait son temps à rires des autres à voix hautes au lieu d’écouter, la règle en classe pour moi était de me faire remarquer le moins possible. Et malgré le changement de lycée l’année suivante, cette mauvaise expérience m’a poussé pendant un an à me fondre dans la masse. J’en suis seulement sortie au milieu de ma terminale quand j’ai décidé de faire une licence d’anglais.

Ma motivation est donc majoritairement apparue à l’université là où j’étais entourée de personnes dont le seul but était de maîtriser l’anglais. Mes professeurs étaient donc ma plus grande motivation. Dès qu’ils remarquaient mes efforts, cela me poussait à continuer. J’ai aussi ce plaisir à m’écouter parler en essayant de toucher du bout des doigts la prononciation parfaite. Et lorsque je regarde des séries anglophones (ou même d’autres langues que je connais), je répète les répliques des personnages pour m’entraîner et entendre à quel point je me rapproche de leur prononciation. Je pense aussi que les freins à mon apprentissage sont devenus un moteur pour prendre ma revanche sur ce qu’il m’est arrivée.

Je sais bien que la phonologie ou la phonétique ne sont pas la prononciation à proprement dit puisque c’est ce qui découle de celle-ci, mais mon apprentissage n’aurait pas été le même sans cette théorie. J’ai vraiment découvert un domaine qui me passionnait et c’est ce qui m’a poussé à parfaire ma prononciation.

Je sais que je n’ai pas besoin d’avoir une prononciation parfaite, mais je ne me vois pas apprendre une langue sans en connaître toutes ses spécificités.  En fin de compte je pense que ce choix appartient à tout le monde de garder une part de son identité dans sa prononciation. Mais à mon avis, maîtriser la prononciation d’une langue est nécessaire même si l’on ne l’applique pas, parce que cela aide à mieux comprendre ce que l’on nous dit dans la langue cible.

 

 

 

Simona, française apprenant l'anglais

 

La prononciation, dans le cadre de l'apprentissage d'une langue étrangère, n'a pas été dans mon parcours scolaire le centre d'intérêt premier de mes professeurs avant la 4ème. Me fondant sur la manière dont m'a été enseigné l'anglais, il m'est possible de constater que tout était d'abord centré sur l'écrit et notamment sur la grammaire. En 6ème et en 5ème, très peu de place était accordée à l'oral : je n'avais donc pas de conseils phonétiques. On nous répétait juste, par exemple, que le "th" ne devait pas être prononcé comme un "z" ([z]) sans nous indiquer de réelles techniques permettant de produire ce son. En parallèle, n'ayant jamais été directement confrontée à ce moment-là à l'anglais parlé, je n'y avais accordé que très peu d'attention.

      C'est donc en 4ème, quand j'ai enfin eu une professeure appliquant la méthode communicative/actionnelle, que j'ai découvert la pratique de l'oral lors de séances dédiées au sein des séquences didactiques de l'année. Je me suis alors réellement entendue parler anglais pour la première fois. Comme tous mes pairs, j'avais un lourd accent français. Deux choses ont alors fortement contribué à ce que mon accent s'améliore cette année-là. Premièrement, les techniques et les conseils donnés par ma professeure m'ont permis d'acquérir certains automatismes. Deuxièmement, j'étais la meilleure de ma classe en termes de notes, suivie de très près par un de mes amis. La grande différence entre nous était qu'alors que nous n'avions que quelques points de différence à l'écrit, il parlait comme un bilingue alors que je traînais encore un lourd accent français qui ne pouvait pas transparaître sur mes rédactions.

      Se sont alors produites plusieurs métamorphoses assez subites motivées par divers facteurs. Tout d'abord, la compétition entre mon ami et moi m'a amenée à vouloir être meilleure que lui et cela même à l'oral. J'ai donc commencé à regarder des séries en VOSTFR et à m'accoutumer à la prononciation de l'anglais. J'ai alors développé l'envie de parler comme ces acteurs : voulant tellement me voir parler parfaitement cette langue, je me suis mise à converser avec moi-même en anglais, devant le miroir ou juste dans mon lit, par pur plaisir narcissique. Plus j'aimais l'accent que je prenais, plus je le perfectionnais. De plus, je voyais que ma professeure notait mes améliorations et je constatais que plus grand chose ne me séparait de mon ami, même à l'oral. Pour résumer, le personnage que je visualisais, c'est-à-dire moi-même quasiment bilingue, constituait un idéal à atteindre. La compétition et l'envie de séduire ma professeur (et moi-même, en partie) m'ont permis de dépasser la honte que j'avais à m'exprimer dans cette langue. Je n'avais plus peur d'exagérer et j'ai même réalisé que l'exagération était l'un des meilleurs moyens de saisir l'accent d'une langue et ses subtilités phonétiques. Plus j'avais le sentiment d'exagérer, mieux je parlais.

      Enfin, les bains linguistiques que j'ai vécus à Londres, à Malte et en ayant une relation amoureuse avec un Australien m'ont aidée à perfectionner ma prononciation et surtout à orienter mon parler. En effet, je suis passée d'un anglais "standard" à un anglais américain car je le trouve plus facile et plus adapté à ma personnalité. C'est aussi probablement celui que j'ai le plus entendu. Aujourd'hui, je parle donc couramment l'anglais US et le fait qu'on me complimente sur ma manière de parler cette langue étrangère ou qu'on me confonde avec des natifs corroborent non seulement la fierté d'avoir "sauté le pas" mais aussi l'envie de fignoler les dernières petites difficultés que je rencontre, notamment avec les nuances entre le [i] long et le [i] court.
Marynes, vénézuélienne apprenant le français
En ce qui concerne mon évolution en phonétique et prononciation du français, ma langue secondaire, j’ai eu la possibilité depuis toute petite d’être en contact permanent avec la langue car ma mère, professeure de français elle aussi, me laissait livrée à des audios des méthodes de l’époque. Parfois, j’ai accompagné ma mère en cours et pour pas m’ennuyer, la bonne solution c’était de m’occuper avec des écouteurs et le lecteur cassette pour passer mon temps, tout en dépit du fait que je ne comprenais rien, j’ai développé une facilité à répéter sans mayeur problème des mots et des phrases en français.
Depuis cette première expérience, à 18 ans quand j’ai décidé formellement apprendre la langue, la musique m’a beaucoup aidé a affiner ma prononciation, mais avec le très peu contact avec des francophones, la tâche était un peu compliquée car les moments où j’ai me servais de la langue française, étaient très rares, fait que m’a donné un très fort sentiment d’insécurité à l’heure de communiquer en français, et en plus un ou deux prof que avec leurs regards, ne donnent pas vraiment envie de faire des efforts pour intervenir pendent les cours, seulement la glace et ma tête m’ont entendu faire des efforts pour parler français comme j’ai rêvé, mais très difficile de sortir tout ça pour ma bouche très naturellement sans réfléchir avant deux au trois fois, et avec insécurité de pas arriver à me faire comprendre.
Une fois arrivée en France, il n’y avait pas vraiment l’excuse ni le choix, il fallait apprendre pour y arriver. La vie de tous les jours et ma motivation m’ont obligée et aidé à produire tous les sons que j’avais dans ma valise. Aujourd’hui le défi c’est la bonne intonation et parfaite prononciation des mots, je suis régulièrement corrigée et « obligée » à répéter à la maison pour éviter les fautes, c’est mon copain qui me reprend à chaque fois, petit à petit je suis consciente de mes propres fautes et j’ai fait l’effort de ne les reproduire plus à chaque fois que je parle.

 

14 septembre 2018

Prononciation et orthographe

 

    Quand je demande aux étudiants de Français Langue Etrangère quelles sont les procédures d'entraînement à la prononciation, l'écoute et la répétition sont généralement immédiatement mentionnées, mais la lecture à haute voix est très souvent citée également comme prioritaire. Or, les deux tâches sont extrêmement différentes.

    Dans le cas de l'écoute / répétition, il s'agit d'une tâche purement phonétique (acoustique et articulatoire), qu'un enfant ne maîtrisant pas la lecture (ou un non-lettré) peut accomplir, même sans comprendre le sens détaillé de ce qu'il entend. La difficulté principale est de reproduire tels quels le rythme, l'intonation, l'accentuation et les phonèmes entendus et de ne pas les assimiler à sa langue maternelle, ni à la forme écrite. C'est un des principaux problèmes des lettrés pour ce type de tâche : à l'écoute du stimulus, ils ne se contentent pas de répéter ce qu'ils ont entendu (boucle audio-phonatoire), mais ils "analysent" le stimulus, le visualisent sous sa forme écrite, éventuellement le traduisent dans leur langue maternelle, avant de le restituer. Cette restitution porte alors évidemment des traces (parfois très importantes) de cette analyse.

    Dans le cas de la lecture à voix haute, il s'agit d'une tâche autrement compliquée : il s'agit d'abord de décoder l'orthographe (ce qui, dans le cas du français, est particulièrement difficile, voir ci-dessous), et de trouver du sens dans la chaîne graphique (les jeunes français natifs apprentis lecteurs font la preuve de la grande complexité de ces deux premières opérations), avant d'oraliser ce qui est écrit, sans se laisser influencer pour les non-natifs ni par les habitudes de lecture de la langue maternelle, ni par les habitudes de prononciation de certains sons (puisqu'au contraire d'une tâche d'écoute / répétition, l'étudiant ne dispose pas de modèle immédiat).

 

   Il semble évidemment nécessaire de travailler la prononciation ET la lecture. Mais pour organiser une progression dans l'entraînement, la prononciation doit être travaillée en premier afin de tenter de "fixer" la meilleure prononciation possible avant de l'exposer à l'écrit orthographique.

    C'est pourquoi dans l'entraînement à la prononciation, il est important de se montrer particulièrement vigilant dans les exercices à la présence de l'écrit orthographique (on pourrait discuter de l'intérêt d'une transcription phonétique). Le support écrit orthographique est-il indispensable? L'exercice ne peut-il se faire sans recours à l'écrit? Ceci afin que les exercices de prononciation soient de vrais exercices de prononciation (détachés de la complexité orthographique, sans distraction pour l'œil lecteur), et les exercices de lecture organisés avant tout autour de l'objectif orthographique.

 

    L'idée de ce post m'est venue à la lecture d'un petit livre très attractif que m'a offert Agnès : La faute de l'orthographe, de Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, Editions Textuel, 2017. La section s'intitule : L'orthographe française est-elle un bon outil ? J'en extrais un exemple classique de correspondances graphies - phonies qui pourrait effrayer les apprenants les mieux disposés...

 

Prenons par exemple le son /s/. Comment peut-on écrire ce son en français?

1. s (un os) [œ̃nɔs]

2. ss (il casse) [ilkas]

3. c (ici) [isi]

4. ç (ça) [sa]

5. sc (un ascenseur) [œ̃nasɑ̃sœʁ]

6. t (attention) [atɑ̃sjɔ̃]

7. x (dix, six) [dis / sis]

8. z (du quartz) [dykwaʁts]

9. th (un forsythia) [œ̃fOʁsisja]

10. sth (de l'asthme) [dŒlasm]

11. cc (la succion) [lasysjɔ̃]

12. sç (il acquiea) [ilakjEsa]

 

Par contre, si vous voyez la lettre s écrite, comment peut-elle se prononcer ?

1. /s/ (Sortez !) [sɔʁte]

2. /z/ (entre deux voyelles : par hasard) [paʁazaʁ]

3. Ø (pas prononcée : où tu vas) [utyva]

 

Un son, douze manière de l'écrire. Une lettre, trois façons de la prononcer.

 

Philippe Geluck

 

17 août 2018

Allonger la syllabe accentuée (2)

 

 

     C'est une affiche publicitaire dans les rues de Paris ces jours-ci qui m'incite à évoquer de nouveau l'allongement de la dernière syllabe du groupe rythmique (dite aussi syllabe accentuée) en français, sujet déjà traité entre autres ici.

 

       

 

(Bonjooooour. Oui, nos jus sont très polis.)

 

     Pour vous comme pour l'auteur de l'affiche, l'allongement de la dernière syllabe est-il synonyme de politesse en français?

 

 

   Et pour illustrer la question, voici la dernière anecdote du livre La vie sociale des sons du français, de François WIOLAND (L'Harmattan, 2005).

 

p. 186

"Une dernière anecdote pour confirmer l'importance de la dernière syllabe prononcée de chaque "mot phonétique" en français parlé :

Anecdote 56

Un soir, en revenant de l'école, l'un des enfants d'un couple ami, Arnaud pour ne pas le nommer, inscrit en grande section de maternelle, chantonnait "Appuie derrière toujours" sur l'air de "Happy Birthday to you". Etonnés, ses parents - qui m'ont rapporté l'événement - lui ont demandé ce qu'il chantait. Et lui de répondre d'un ton assuré : "Pour l'anniversaire d'Elise nous avons chanté avec la maîtresse : Appuie derrière toujours".

A l'évidence, pour Arnaud, la maîtresse ne pouvait chanter qu'en français ! Il a tout naturellement reconstruit du sens à partir des dernières syllabes des mots anglais qui devaient avoir été prononcés sans aucun doute avec l'accent français.

 

"Appuie derrière toujours",

la parfaite devise pour l'apprentissage du français parlé !"

 

 

 

 

1 mai 2018

Phonétique et cinéma

   

      La phonétique est peu présente au cinéma. Il y a bien sûr My Fair Lady de G. B. Shaw, déjà évoqué ici. Plus récemment The King's speech (Le discours d'un roi) en 2010. J'ai aussi détaillé ici quelques scènes du film français Les Ex (2017) traitant d'accent étranger - alors que les autres films cités parlent de correction phonétique en langue maternelle. Si vous connaissez des scènes de cinéma ayant à voir avec la prononciation, merci de les partager.

    Le film Singin' in the rain, de Stanley Donen et Gene Kelly (1952), relate la transition du cinéma muet au cinéma parlant dans les années 1920. Les acteurs doivent donc apprendre... à parler. Le gros titre du journal Variety est : "Hollywood learns to talk". Un entrefilet précise : "Big bonanza for diction coaches".

    Ce qui est l'occasion d'une scène chez le coach vocal. Tout y est : les coupes sagitales de larynx, des vues de face de la bouche articulant des voyelles, et des exercices de répétition de virelangues (ou tongue twisters), avec des R roulés, des alternances [s/ʃ] et le célèbre "Moses supposes..." qui dégénère en numéro de danse... et en joyeux bazar !

 

    Ci-dessous la scène intégrale, de quoi dynamiser votre journée !

 

 

Moses supposes his toeses are roses
But Moses supposes erroneously
And Moses, he knowses his toeses aren´t roses
As Moses supposes his toeses to be
Moses supposes his toeses are roses
But Moses supposes erroneously
A Rose is a rose
A Nose is a nose
A Toese is a toese
Hupidubidu! (ehehehehe)
Moses supposes his toeses are roses
But Moses supposes erroneously
And Moses, he knowses his toeses aren´t roses
As Moses supposes his toeses to be

Paroliers : Adolph Green / Betty Comden / Roger Edens 

 

 

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25 février 2018

"Attraper l'accent..."

 

    J'ai déjà mentionné ici des extraits littéraires qui évoquent l'adoption d'un accent.

    Dans L'horloge sans aiguilles (Clock without hands) de Carson McCullers (1953), je lis dans la traduction française (Livre de poche, p. 116) :

 

[lŒʒyʒ / navɛʒamɛly *tɔlstɔj / mɛzilavɛvylefilm // e *ʃɛkspiʁ // ilavɛtetydje *ʃɛkspiʁ / alekɔldŒdʁwa / emɛmasiste / aynʁŒpʁesɑ̃tasjõ d*amlɛt / a *atlɑ̃ta // paʁyntʁupɑ̃glɛz / kiʒwɛ / avɛklaksɑ̃ɑ̃glɛ / natyʁɛlmɑ̃ // sEtɛlane / dŒsõmaʁjaʒ // mis *misi avɛmisepɛʁl / esepʁŒmjɛʁbag // apʁɛtʁwaʁŒpʁezɑ̃tasjõ / dyfɛstivald*atlɑ̃ta / ɛlavɛtatʁape / laksɑ̃ɑ̃glɛ / tɑ̃tɛlEtɛsybʒyɡe / eɛllavɛgaʁde / tutɛ̃mwaɑ̃sɥit //]

   J'attends vos transcriptions orthographiques et vos remarques (sur la transcription des mots anglais par exemple...) en commentaire de ce post !

PS : l'astérisque précède un nom propre.

 

 

 

12 février 2018

Témoignages d'étudiants (III)

 

     Et voici de nouveaux témoignages d'étudiants publiés avec leur accord. Les coquilles et l'expression y sont originales. Ces textes répondent à la consigne suivante : "Freins et motivations à l'apprentissage de la prononciation d'une langue étrangère - expérience personnelle". Ces parcours singuliers d'apprentissage mettent en lumière les nombreux paramètres en jeu lors de l'acquisition d'une nouvelle prononciation.

 

  (d'autres témoignages ici)

 

 

Mei, une Chinoise en français

 

     J’ai commencé à apprendre le français dès l’âge 18 dans une université en Chine. J’avais quatre enseignantes chinoises qui enseignaient majoritairement en chinois, et deux enseignants français qui n’enseignaient qu’en français. Cette langue était ma spécialité à l’université, c’est pourquoi je devais me spécialiser dans ce domaine pour professer en français dans le futur. Par ailleurs, je n’avais pas envie ou peu de possibilité de me réorienter.

Ce sont des besoins professionnels et académiques qui m’ont poussée à apprendre le français, dont la prononciation est une compétence langagière incontournable. Au fur et à mesure des années, j’ai ressenti un engouement pour cette langue et décidé de poursuivre ce domaine. J’avais envie de pratiquer le français avec des francophones, de me faire des amis pour mieux connaître les sociétés francophones actuelles et réelles. La quatrième année universitaire, je suis venue en France en tant qu’étudiante d’échange. Pendant ce temps, je voulais améliorer ma prononciation, j’ai même suivi un cours de correction phonétique d’une heure par semaine. Je souhaitais parler comme les Français, vis-à-vis de mes interlocuteurs je voulais effacer mes origines étrangères. Je ressentais que bien prononcer le français m’aiderait à faciliter les conversations avec des francophones, voire à rapprocher les relations avec eux. Maintenant, je me suis orientée vers l’enseignement du français en Chine, j’aimerais prononcer correctement le français, gommer mon accent afin de devenir un bon exemple pour mes futurs apprenants, les encourager et les convaincre que les Chinois peuvent très bien parler français.

Comme il s’agit de l’apprentissage d’une langue très éloignée de ma langue maternelle, j’ai rencontré beaucoup de problèmes qui m’empêchaient d’apprendre sa prononciation. Premièrement, l’Etat, la société et le département ne mettent pas en avant l’importance de l’apprentissage de prononciation, du fait que nous en nous servons moins dans la réalité. C’est un cercle vicieux, les manuels et les enseignants n’insistent non plus sur la prononciation qui leur parait secondaire. Ils prétendent que même si nous ne prononçons pas bien le français, ce n’est pas grave, le plus important c’est se comprendre, nous pouvons toujours utiliser des gestes pour compenser nos faiblesses en prononciation. Deuxièmement, au début de l’apprentissage, faute de connaissances et de références linguistiques (les intonations, les prosodies, etc.), je ne pouvais pas distinguer quelles étaient les bonnes prononciations. Durant une certaine période, je croyais que plus on parle vite, mieux c’est. Une de mes enseignantes nous a dit de faire la moue pour prononcer mieux, mais nous pensions que c’était ridicule et affecté de parler comme cela. Troisièmement, le manque de pratique du français joue aussi un rôle très important, surtout quand j’apprenais le français en Chine, dans une ville où il avait peu de francophones. Je n’avais quasiment pas d'interlocuteurs, la prononciation n’était pas une compétence urgente à développer. Après être corrigée devant la classe suite à un exposé oral et être moquée par des camarades quand j’imitais des enregistrements français, j’ai éprouvé des moments de découragement dans l’apprentissage de prononciation, d’autant plus que sa progression n’est pas très évidente et rapide. A la fois, changer de façon de prononcer touche à l’identité, j’ai un côté conservateur, ma langue maternelle a une intonation très différente de celle du français.

 

 

Tara, une anglo-Américaine en français

 

     Existe-t-il de l’apprentissage sans les moments, voire des périodes, de blocages et d’autres plein de motivations ? Il me semble que d’entreprendre une leçon, une nouvelle connaissance, ou partir à la recherche des nouvelles compétences, indépendamment de la matière, on doit anticiper un chemin long et pas du tout droit, c.à.d. avec virages et collines, souvent imprévus et des hauts et des bas et tout au long sans jamais atteindre le sommet. A mon avis, c’est surtout le cas avec des études de langue mais aussi avec toutes sortes de sujets,  il n’y a pas un seul sommet, on y « arrive » jamais car au fur et à mesure de progresser dans nos études, on se rend compte que plus on le sait, plus il y a à savoir!

Dans mon propre parcours avec le français langue étrangère, le départ était tout positif et, jusqu’à l’instant, J je n’ai jamais eu de traumatisme en tant qu’apprenante qui fait que ma vie avec le français était enrobée, pour la plupart, de motivation, curiosité, détermination, et surtout l’amour et bien sûr, pointillée avec des moments, voire des périodes, où je me suis trouvée bloquée ou bien beaucoup moins motivée.

J’ai vécu des blocages souvent à travers des mécompréhensions culturelles (des marchands impatients ou des fonctionnaires bureaucratiques mais aussi avec des amis proches) face à un problème que ni moi qui l’autre comprenaient au moment. Ces moments-ci étaient bien frustrants car la solution communicative n’était pas évidente et le résultat de cet « échec » m’a souvent laissée exaspérée. Je me souviens aussi d’une grosse fatigue, surtout mes premiers mois d’immersion dans une famille française. Qu’est-ce que c’était fatigant d’écouter ce que je ne comprenais pas et épuisant d’apprendre s’exprimer à nouveau ! Je trouve que c’est encore plus difficile quand on est déjà adulte (j’avais 18ans) parce que c’est une perte de contrôle et ça nous laisse dans une position d’instabilité qui n’est pas tout à fait naturelle à cet âge.  J’avais de la chance d’être en contact avec des gens assez sympas, car on se moquait très peu de moi. Par exemple, je m’occupais d’une fille de 3 ans et elle m’aidait à prononcer le mot « écureuil » avec la patience d’un ange mais la détermination d’un petit de 3 ans ! J’avais de la chance. C’était quand même difficile de ne pas être un membre ‘normal’ du groupe. Je me souviens d’un moment dans une voiture avec des français qui parlaient entre eux et je me sentais exclue donc j’ai commencé à parler à moi-même (sous mon souffle). Je n’étais pas contente. Alors, quelqu’un a dit, « Tu parles à toi-même? » avec un ton moins sympa. A cette époque, je ne savais pas ce que ça voulait dire « à toi-même » mais j’ai vite pris ma vengeance et je l’ai mémorisé pour la vie !

Quant à mes motivations, j’adorais l’étymologie des mots. Donc, quand je me suis trouvée en face d’un mot que je connaissais pas, je voulais non simplement connaitre la définition mais aussi, toute son histoire et ses liens avec (peut-être) avec ma langue maternelle ou ses liens avec d’autres mots. C’était cette curiosité qui m’avait conduit aux quatre coins des deux langues et qui, pour moi, faisait partie d’un jeu. J’ai aussi appris le français à table avec des français, dans une famille française bien sympathique et là, je voulais vivre comme eux, de pouvoir parler des nuances des fromages ou du vin. J Mais en même temps puisque je n’étais pas eux—j’étais la seule américaine parmi eux--je voulais aussi pouvoir participer dans des discussions et des arguments, par exemple, de politique ou les « droits de femmes. » Alors, j’avais toujours de bonnes raisons d’apprendre un petit plus. C’était aussi la musique de la langue qui m’intéressait, de connaitre un autre rythme et de travailler et d’entrainer ma bouche différemment comme si je pratiquais un autre instrument.

C’est plus qu’une leçon, une langue adoptive, ça fait partie de notre vie car s’exprimer –dans n’importe quelle langue—est un exercice très personnel, très individuelle. Alors, je peux aller encore plus loin et dire que les relations qu’on a avec nos langues (maternelle et étrangères) sont plus proche de nous qu’un amant ou un époux car chaque tentative est une création de nous-même : on vit à travers ce qu’on parle. Ce n’est pas le français dans le monde, c’est ma façon de parler mon français qui est partie intégrante de mon identité. (Même quand j’ai du mal à m’exprimer comme avec cette dernière phrase!) Alors, comme dans tous les relations, il y a des hauts et des bas, des joies et des déceptions mais quand il y a une certaine attraction, profonde et naturelle, souvent l’amour s’installe et avec un certain engagement et beaucoup de travail et d’humour, ça peut durer toute une vie.

 

 

Sara, une Française en anglais

 

     Quelles sont mes motivations et mes freins dans mon apprentissage de la prononciation d’une langue étrangère ?

Pour tenter de répondre à cette question, je vais m’appuyer sur mon apprentissage de l’anglais et le rapport que j’entretiens avec cette langue.

Ma première motivation pour l’apprentissage de la prononciation de cette langue est l’amour que je porte à celle-ci. Depuis que je suis enfant, l’anglais est une langue qui m’est culturellement accessible de part les films que je regarde ou les chansons que j’écoute. Les sonorités de cette langue m’ont toujours plu et j’ai toujours aimé reproduire les sons que j’entendais.

Je n’ai jamais de peine à prononcer l’anglais lorsque je suis seule. Par exemple, lorsque j’entends une chanson que j’aime à la radio je peux sans difficultés chanter en anglais et je m’efforce de bien prononcer l’anglais, car à ce moment là je n’ai pas d’inhibition. Mais j’éprouve beaucoup plus de difficultés, de freins, lorsque je rencontre un locuteur natif ou plus expert en anglais et que je dois à ce moment là parler et m’exprimer dans cette langue.

Je pense que la timidité, l’inhibition et la peur d’être jugé par mon interlocuteur font que je peux être parfois en situation de stress lorsque je m’exprime en anglais et je ne suis alors plus apte à prononcer correctement les mots. Dans ces cas là, on me demande de répéter le mot ou la phrase que je n’ai pas pu prononcer correctement.

J’ai pu faire l’expérience de ce phénomène en classe d’anglais (de la sixième à l’université), où mes professeurs m’ont souvent demandé de répéter ce que je voulais dire. La prise de parole en anglais devant une classe peut être un facteur de stress qui engendre une mauvaise prononciation de ma part.

J’ai aussi pu me rendre compte lors de mes voyages en Angleterre et aux États-Unis que j’éprouvais des difficultés à me faire comprendre par les locuteurs natifs, ces derniers me demandant souvent de répéter mes questions lorsque j’avais besoin d’aide par exemple. Je pense à ce moment là que je n’ai pas réussi à bien prononcer les mots par un manque d’assurance certain.

Pour remédier à cela, j’ai pris la décision en 2013 de suivre une formation intensive d’anglais au centre de formation Astrolabe par le biais du Pôle Emploi lorsque j’étais à la recherche du emploi. J’ai pu grâce à cette formation d’anglais pratiquer l’anglais durant trois mois à raison de 300 heures. J’étais très motivée car j’étais frustrée de ne pas pouvoir me faire comprendre dans une langue que j’aime tant. Ces expériences de mésentente à la fois avec mes professeurs d’anglais et les locuteurs anglophones ont fait que j’ai eu un réel désir d’améliorer ma prononciation en anglais.

Ce ne fut pas une expérience facile car j’ai du me consacrer pendant trois mois à la pratique et au travail de la langue anglaise avec un rythme soutenu (de 9h à 17h durant cinq jours par semaine). Mais je voulais à tout prix faire progresser mon niveau, à la fois à l’oral et à l’écrit. J’étais prête à travailler.

J’ai pu rencontrer des professeurs remarquables qui m’ont incitée à parler en anglais, à faire des exposés en anglais et à surmonter ma timidité et mon inhibition. J’ai compris que faire des erreurs faisait partie de l’enseignement de la langue et que personne en réalité ne me jugeait. Jusque là, je m’étais toujours imaginé que les gens pouvaient mal me juger lorsque je m’exprimer en anglais, mais c’était une fausse croyance.

L’aide de mes professeurs a été une grande motivation pour améliorer ma prononciation en anglais. Je me souviens d’ailleurs d’un professeur qui était très exigeant quant à la prononciation de l’anglais. Il nous disait qu’il fallait absolument que l’on s’entraîne à la maison à répéter les mots qui nous étaient problématiques. Une fois en classe, nous devions les répéter devant nos camarades.

Je me souviens également d’un jour où le professeur avait compris que nous éprouvions tous des difficultés à formuler le son « th ». Tous les élèves ont du alors répéter à tour de rôle différents mots (« this », « the », « through ») jusqu’à ce que tout le monde ait bien compris qu’il fallait placer la langue derrière les incisive du haut. Le professeur n’a pas hésité à nous montrer physiquement ce que nous devions reproduire. Il m’a encouragé dans mon effort phonétique. D’ailleurs, il nous disait souvent qu’une bonne prononciation peut s’acquérir par le travail et par l’effort.

Aujourd’hui je sais que j’ai encore des lacunes quant à ma prononciation en anglais mais j’ai réussi à presque surmonter mon problème d’inhibition. J’étudie toujours l’anglais à la faculté et j’essaye de prendre toujours la parole en cours afin de progresser dans ma prononciation de cette langue. Je sais que mon professeur ne me juge pas et qu’il essaye de m’orienter vers une meilleure diction de l’anglais. Je n’hésite d’ailleurs plus à parler anglais avec mes amis anglophones car je sais que c’est en pratiquant la langue que je pourrai m’améliorer.

 

 

 

[Deux ajouts -- février 2023 :]

 

Lola, une Française en anglais

 

     Depuis la classe de 6ème, j’apprends l’anglais (qui est ma LV1). J’ai toujours pris beaucoup de plaisir à m’efforcer de « bien » prononcer, en imitant les variétés de la langue anglaise qui plaisaient le plus à mon oreille – par exemple la prononciation très pointue marquant le « t » que l’on retrouve souvent dans les films ou séries historiques. Cette attention portée à la prononciation m’a toujours semblée indissociable d’une recherche de fluidité dans l’expression, de maîtrise prosodique.

Le format des cours de langue durant ma scolarité a plutôt constitué un frein à cet apprentissage. Tout d’abord, les professeurs avaient tous un fort « accent » français. ; ensuite, les cours comprenaient peu d’activités de production ou d’interaction orale, et peu de travail à partir de documents authentiques audiovisuels. J’avais enfin l’impression de parler en cours une langue désincarnée, abstraite, qui me devenait incompréhensible lorsque je me trouvais confrontée à des locuteurs ou locutrices natif.ves utilisant des variétés s’éloignant de l’anglais « standard ». Quand j’ai rencontré un ami venant de Cornouailles pendant ma dernière année de licence, j’ai ainsi eu l’impression que nous ne parlions pas du tout la même langue.

J’ai donc mis en place des stratégies pour habituer mon oreille à différentes variétés d’anglais, hors du cadre scolaire : écouter de la musique en anglais, regarder des films et des séries sans sous-titres afin de me forcer à me concentrer à la fois sur le sens et sur les sons que j’entendais. Cela m’arrive souvent de répéter des répliques après les personnages, surtout si leur manière de s’exprimer me plaît (c’était là le plus grand intérêt pour moi de la série Downton Abbey). J’ai aussi plusieurs fois, pendant mes deux années de prépa, appris par cœur des poèmes (comme « The Tyger » de William Blake) ou des tirades d’Hamlet avant d’écouter différent.es comédien.nes les réciter et de les imiter.

Le plus efficace pour moi est cependant de discuter longuement avec des personnes anglophones natives. Ainsi, lors de ma première année à l’ENS, ma participation à un tandem linguistique a-t-elle marqué une étape dans ma progression : dans un contexte interactif répété, je parvenais mieux à comprendre comment rythmer et accentuer mes phrases, quelles intonations adopter, comment combiner entre eux des sons compliquées (mon pire cauchemar étant « months »).

Actuellement, le manque d’entraînement se fait sentir, et si je pense maîtriser globalement la prononciation des mots et leur accentuation, ce n’est plus le cas de la prosodie. L’enseignement des langues dans l’enseignement supérieur (en tout cas à un niveau B2-C1) étant très centré sur l’écrit et le contenu thématique des cours, il faudrait que je travaille par moi-même ou que je trouve des interlocuteurs.trices régulier.es…

Pour résumer, je pense que ma principale motivation pour maîtriser la prononciation d’une langue (en l’occurrence l’anglais) est le plaisir (et la fierté) que je ressens lorsque j’y parviens, et que le principal frein à cet apprentissage est le cadre scolaire dans lequel j’ai étudié l’anglais.

 

 

Victor-Louis, un Français en anglais

 

      Je n’ai aucun souvenir de mes classes ou cours d’anglais de primaire. En revanche, mes professeures d’anglais du collège m’ont fait entrer dans cette langue de manière épanouie. Je me souviens de ma jeune professeure de 6e/5e qui passait beaucoup de temps à nous faire répéter des mots en exagérant leur prononciation sans nous montrer l’écrit. Par exemple, souvenir marquant visiblement, le mot tired en anglais a suscité de grands émois dans notre communauté de répéteurs lorsque le mot a été écrit au tableau. Pendant de nombreuses années, dans les classes suivantes, les erreurs de prononciation de mes camarades me faisaient sourire puisque je me souvenais encore de la manière de le dire, imprimée dans mon oreille. Favourite, about ou though complètent cette liste (et suscitent une certaine fierté je dois l’avouer). 

En troisième, mon rapport à l’anglais a profondément changé grâce au début d’une amitié de correspondance qui perdure encore aujourd’hui. L’échange linguistique avec un collège de filles de Tunbridge Wells dans le Kent a bouleversé ma relation jusqu’alors scolaire et détachée à la langue — vue comme une matière parmi tant d’autres. Une amitié est née avec ma correspondante et les voyages d’été se sont multipliés. J’ai aimé le pays, cette nouvelle manière de vivre et de voir le monde. Et sans doute mu par cette âme de bon répéteur de sixième, l’accent du Kent très anglais s’est imprimé dans ma tête. Mon année Erasmus à Cambridge quelques années plus tard n’arrangera rien. 
Après cet échange, l’anglais est devenu subitement l’une des matières les plus importantes à mes yeux. De nouveaux professeurs que j’ai beaucoup aimés se sont succédé et ma compétence orale a pu être exploitée. Cependant très vite l’accent que j’avais s’est retrouvé en décalage avec mon niveau écrit et les professeurs attendaient plus de moi, et mes amis ne comprenaient pas que je pouvais avoir leur niveau écrit alors que je me débrouillais aussi bien à l’oral. Les années lycée et prépa ont aussi vu une honte de parler devant la classe et ce que je voyais comme de la fierté les étés avec mon amie anglaise devenait de la vantardise auprès de certains. Le côté trop scolaire et surtout l’importance de l’écrit (nettement privilégié face à l’oral) ont eu raison de ma motivation à participer avec enthousiasme aux cours de langue. 
De manière générale, la grande majorité des avancées que j’ai pu faire en terme de prononciation ont été faites en Angleterre avec mon amie, où l’expérience sur le terrain m’a appris à comprendre l’importance de certaines erreurs. L’immersion dans le Kent ou à Cambridge (pour une année Erasmus) s’est toujours accompagnée d’une volonté de me fondre dans le décor. Passer pour un Français là-bas n’était pas gênant, mais voir la reconnaissance dans les yeux de mes interlocuteurs lorsque j’adoptais leurs manières de vivre ou de parler était grisant. Les compliments me valorisaient et je voulais toujours en faire plus. Il était rare que des incompréhensions dues à une mauvaise prononciation de ma part se répètent. 
Pourtant, je déplore aujourd’hui mon manque d’intérêt pour la matière scolaire que représente l’anglais, et même son apprentissage en général. Bien loin (presque cinq ans) sont les livres achetés en anglais par gourmandise intellectuelle ou les podcasts anglais de la BBC. Je ne sais pas si c’est l’école ou une forme de paresse qui a évité à l’essai d’être transformé mais c’est dommage. L’univers du FLE et la proximité avec des étudiants internationaux ravivent cette première flamme et l’échange oral — avec ou sans la prononciation traditionnelle — redevient le cœur de mon usage de l’anglais. 
En parallèle, peut-être en compensation, la volonté d’imiter et de répéter s’est manifestée dans mes cours d’espagnol, où les professeurs accordaient une grande place à a production orale et où aucune honte de chercher à reproduire l’accent n’a pu se faire ressentir.

 

 

 

 

7 décembre 2017

Partage de paires minimales

 

    Un des posts les plus lus de ce blog traite des paires minimales, ces paires de mots qui ne sont distingués que par une seule différence phonétique : par exemple, la paire lent ([lɑ̃ ]) et rang ([ʁɑ̃]) atteste qu'en français [l] et [ʁ] sont deux phonèmes en opposition distinctive.

    Le post s'intitulait "Du prestige des paires minimales", car mon point de vue est que ces paires de vrais mots n'ont qu'un intérêt limité en enseignement / apprentissage de la prononciation du français, ou plutôt que leur recherche ne me semble pas prioritaire. En effet :

1. on ne cherche pas à faire la preuve de l'opposition des phonèmes. Et si l'on veut en faire la preuve, une seule paire minimale suffit.

2. la présentation des paires minimales hors contexte ne favorise pas l'accès au sens. D'ailleurs, phonétiquement lent = l'an = l'en / rang = rend. Alors, est-il finalement important de savoir de quel mot il s'agit ? La question de l'utilité de chercher de vrais mots est donc légitime. On peut à mon sens tout aussi bien concevoir un exercice de perception (de discrimination ou d'identification) à partir de syllabes construites systématiquement en suivant les règles phonotactiques du français.

    Je pense qu'il est beaucoup plus important pour l'enseignant de réfléchir à la conception progressive de sa séquence phonétique (progressivité des exercices, allers-retours entre perception et production, utilisation des contextes facilitants, mise en œuvre en classe, précision de la consigne, ordre des items, etc...), plutôt que de consacrer du temps à la recherche du matériau linguistique. D'où l'idée de mettre ce matériau linguistique à la disposition de tous.

    J'ignore les bonnes ou mauvaises raisons du succès de ce post, on me parle souvent des tableaux de paires minimales que je présente. Il existe en effet des traditions linguistiques autour des paires minimales, par exemple en anglais.

    Alors je vous propose de jouer aux paires minimales en français et de constituer ensemble la plus importante base de données possible autour des oppositions qui posent souvent problème aux apprenants étrangers (listées dans la première colonne).

    Voici un début de tableau. Je n'ai pas porté les paires minimales opposant les voyelles moyennes ([e, ɛ, ø, œ, o, ɔ]) que j'ai déjà listées précédemment.

    Je vous invite donc à compléter ce tableau en m'envoyant vos propositions de paires minimales (qui ne soient pas des monosyllabes, puisque je leur ai déjà consacrés un tableau - j'en ai quand même ajoutés quelques uns ici en gras) en commentaire de ce post.

C'est à vous !

 

 

[i/y]

(114)

crépi / crépu ; l’habit / l’abus ; Barbie / barbu ; l'abri - la Brie / la bru ;  il plie / il plût ; bâti / battu ; un titi / un tutu ; un tri / intrus ; c'est dit / c'est dû ; hardi / ardu ; et qui? / écu ; acquis / accu ;  écrit / écru ; elle le crie / elle le crut ; un grand cri / un grand cru ; des gris / des grues ; l'aigri / les grues ; ici / issue ; assis / a su ; Massy / massue ; il scie / il sue ; persil / perçu ; concis / conçu ;  Passy / pas su ; une vie / une vue ; émis / ému ; omis / aux mues ; un génie / ingénu ; honni / ONU - aux nues ; Ali / alu ; Élie / élu ; sali / salut ; il relie / il relut ; à Paris / apparu ; mari / ma rue ; sari / sa rue ; (passé simple / participe présent) vendit / vendu ; répondit / répondu... (entendre, attendre, tendre, détendre, fendre, défendre, pendre, suspendre, rendre, perdre, battre, débattre, vêtir, fondre, interrompre, mordre, tordre, tondre...) ; 51

sic / suc ; des piles / des pulls ; lapis - la pisse / la puce ; au pire / eau pure ; c'est pire / c'est pur ; et pire / épure ; pussent-ils / pustule ; pas de trique / pas de truc ; un bis / un bus ; la bise / la buse - l'abuse ; la biche / la bûche ; tu biches? / tu bûches? ; pas de bile / pas de bulles ; habile / à bulles ; l'abrite / la brute ; Justine / juste une ; i(l) m'attire / immature ; ça tire - satyre / sature ; pâtir / pâture ; c'est dire ! / c'est dur ! ; médisent / méduse ; l'écrire / les crûrent ; la grime / l'agrume ; la cime / l'assume ; rassir / rassure ; le Cid / le Sud ; concile / consul ; ton sire / tonsure ; hésite / et zut ! ; saisir / césure ; le virent / levure ; à Gilles / à Jules ; 100 000 / 100 mules ; Emile / émule ; la mise / la muse ; l'émir - les mirent / les murs ; c'est Lille / cellule ; à lire / allure ; la lime / l'allume ; voit lire / voilure ; peux lire / pelure ; collyre / collure ; fait lire / fêlure ; les riches / les ruches ; des risses / des Russes ; l'hérisse / les Russes ; pas rire / parure ; sait rire / serrure ; fait rire / ferrure ; les rimes / les rhumes ; 38

(10 + [consonne] / du) dix pains / du pain... ; 6 pots / suppôt ; bicher / bûcher ; Kiri / curry ; kilo / culot ; sirop / sureau ; 6 craies / sucrait ; 6 soeurs / suceur ; 6 C / sucer ; scission / succion ; 6 cubes / succube ; scier / suer ; 6 jets / sujet ; 6 phoques / suffoque ; 6 pères / super ; 6 pères posés / superposer ; 6 pliants / suppliant ; 6 ports / support ; 6 portés / supporter ; 6 portables / supportable ; 6 positions / suppositions ; 6 primes / supprime ; s'y poser / supposer ; s'y planter / supplanter ; s'y plier / supplier ; 6 putes / suppute ; 25

scier / suer ;

[i/e]

(42)

un pis / un P ; pipi / pipé ; des épis / des épées ; repli / replet ; les prix / les prés ; parti / partez ; les tris / lettré ; contri / contré ; c'est dit / céder ; les édits / les aider ; les marquis / les marquer ; par qui /  parqué ? ; récrie / récré ; en cris / encré - ancré ; à Guy / à gué ; assis / assez ; Passy / passé ; Cassis / cassé ; Massy / massé ; Ali / allez ; c’est sali / c’est salé ; les fusils / les fusées ; hé vas-y / évasé ; semis / semé ; un petit nid / un petit nez ;  un nouveau nid / un nouveau-né ; nenni / néné ; renie / René ; Sony / sonné ; et Tony / étonné ; Cali / calé ; les maris / les marées ; curie / curé ;

la pythie / l'appétit ; en pichet / empêché ; piller / payer ; brisé / braisé ; imbibé / un bébé ; décidé / décédé ; dix soirs / des soirs ; c'est ciré / c'est serré ; Minerve / m'énerve ; lisez / lésez ; lister / lester ; alité / allaiter ;

[y/u]

(100)

le pus / le pou ; t'as bu / tabou ; abus / à bout ; l'abus / la boue ; imbu / un bout ; un début / un des bouts ; deux buts / debout ; l'as-tu? / la toux? - l'atout? ; tortue / tord tout ; manges-tu? / mangetout ; fais-tu / faitout ; i(l) tue / itou ; un dû / hindou ; c'est dû / c'est doux ; assidu / ah si doux ; des accus / des à-coups ; beau cul / beaucoup ; du cul / du coup ; vaincu / 20 coups ; cucul/ coucou ; manucure / Manu court ; déçu / des sous ; dessus / dessous ; insu / un sou ; un bizuth / un bisou ;  remue / remous ; la mue / la moue ; ému / et mou ; à nu / à nous ; déchu / des choux ; à vue / avoue ; garde à vue / garde à vous ; c'est vu? / c'est vous? ; tu as vu / tu avoues ; à jus / ajout ; un petit LU (gâteau) / un petit loup ; relu / relou (verlan) ; ma rue / ma roue ; les rues / les roues ; couru / courroux - Kourou (Guyane) ; les verrues / les verrous ; un flux / un flou ; inclus / un clou ; l'écru / l'écrou ; 40

brut / broute ; Sud / soude ; jute / joute ; rut / route ; des puces / des pouces ; des pulls / des poules ; en pull / ampoule ; tu es pur? - tu épures / tu es pour ? ; des bulles / des boules ; ma bulle / maboul ; 6 bulles / ciboule ; une buse / une bouse ; capitule / capitouls ; Saturne / ça tourne ;  monture / mon tour ; tenture / t'entoure ; la bascule / la basse coule ; articule / Arty coule ; monticule / Monty coule ; la cure / la cour ; elle cuve / elle couve ; Syracuse / six rats cousent ; la fugue / la fougue ; au fur / au four ; tu es sûr / tu es sourd ; censure / 100 sourds ; à coup sûr / à coups sourds ; tonsure / ton sourd ; consul / qu'on saoûle ; la jute / l'ajoute - la joute ; injure / un jour ; tu le jures? / tout le jour? ; parjure / par jour ; un jules / un joule ; la mule / la moule ; la mûre / l'amour ; Emmaüs / et maous ; une Russe / une rousse ; flûte / floute (verbe flouter) ; et Kurt / écourte ; crûtes (V. croire) / croûte ; paluche / pas louche ; des mufles / des moufles ; 40

purée / pourrai ; un bureau / un bourreau ; un bulot / un boulot – un bouleau ;  buffet / bouffait ; le burin / le bourrin ; le butoir / le boutoir ; buller / bouler ; le bûcher / le boucher ; Cuba / coup bas ;  tu pars / tout part ; tu voles / tout vole... du thé / douter ; la culée / la coulée ; il curait / il courait ; occurent / au courant ; un Q vert / un couvert ; et cruel / écrouelles ;
fluet / flouait ; ruer / rouer ; il a su faire / il a souffert ; mûrir / mourir ; mulet / moulait ;  18

[ɥ/w]

hui(t) / oui ; la buée / la bouée ; s'enfuir / s'enfouir ; suait / souhait ; le suint / le soin ; juin / joint; nuée / nouer ; lui / Louis ; saluait / ça louait ; la luette / l'alouette ; la muette / la mouette ;

[e/ɛ]

Epée / épais ; laquer / laquais ; poignée / poignet- poignait ; vallée / valet – valait ; forer / forêt ; (futur / conditionnel) j’irai / j’irais… (infinitif - passé composé / imparfait)  : voyager - voyagé / voyageait... ;

/E/Œ/

(90)

un P / un peu ; pomper / pompeux ; râper / râpeux ; les pieds / les pieux ; copier / copieux ; les prés / les preux - lépreux ; célébrer / c'est l'hébreu ; dénombrer / des nombreux ; boiter / boiteux ; coûter / coûteux ; douter / douteux ; calamité / calamiteux ; vanité / vaniteux ; nécessité / nécessiteux ; gâté / gâteux ; juter / juteux ; entrez – entrée / entre eux ; vitré / vitreux ; les dés / les deux ; hasarder / hasardeux ; cafarder / cafardeux ; poudrer / poudreux ; laquer / la queue ; les fées / les feux ; baver / baveux ; l'énerver / les nerveux ; un névé / un neveu ; l'évier / les vieux ; envier / envieux ; assez / à ceux ; paresser / paresseux ; graisser / graisseux ; mousser / mousseux ; pisser / pisseux ; vicié / vicieux ; disgracier / disgracieux ; soucier / soucieux ; licencier / licencieux ; officier / officieux ; gazer / gazeux ; taisez / taiseux ; fâcher / fâcheux ; faucher / faucheux ; rocher / rocheux ; danger / d'enjeux ; s’encourager / 100 courageux ; outrager / outrageux ; neiger / neigeux ; (dés-)avantager / (dés-)avantageux ; crémer / crémeux ; fumer / fumeux ; ruiner / ruineux ; boutonner / boutonneux ; fariner / farineux ; soupçonner / soupçonneux ; aîné / haineux : l'aîné / laineux ; un néné (un sein) / un neuneu (un idiot) ; calomnier / calomnieux ; besogner / besogneux ; ingénier / ingénieux ; soigné / soigneux ; miraculé / miraculeux ; huiler / huileux ; piler / pileux ; délier / des lieux ; pointillé / pointilleux ; aventurer / aventureux ; désirer / désireux ; générer / généreux ; cirer / cireux ; leurrer / l'heureux ; savourer / savoureux ; injurier / injurieux ; ennuyer / ennuyeux ; sourciller / sourcilleux ; 71

La paire / la peur ; sectaire / secteur ; achetèrent / acheteur ; vendèrent / vendeur ; pas d’air / pas d’heure ; quoi faire / coiffeur ; les flairs / les fleurs - l'effleure ; ça serre / sa sœur ; agressèrent / agresseur ; amusèrent / amuseur ; accrochèrent / accrocheur ; aménagèrent / aménageur ; déménagèrent / déménageur ; voyagèrent / voyageur ; sa mère / ça meurt ; allumèrent / allumeur ; colère / colleur ; prends l'air / prends leur ; travaillèrent / travailleur ; errèrent / erreur ...

Des bouts / deux bouts – debout ; des mains / deux mains – demain ; Nelly / ne lit ; (des / deux) ... (les / le) ; c'est chez Lou / c'est chelou (louche en verlan) ;

/Œ/O/

(72)

Un peu / un pot ; verbeux / verbaux ; coûteux / couteau ; gâteux / gâteau ; à deux / ado ; radieux / radio ; studieux / studio ; les queues / l'écho ; un creux / un croc ; les seuls feux / les seuls faux ; affreux / afro ; il veut / il vaut ; des cheveux / des chevaux ; à ceux / à Sceaux ; émeu - émeut / émaux ; m’émeut / mes mots ; caleux / calot ; pierreux / pierrot ; généreux / généraux ; joyeux / joyaux ; terreux / terreau ; des heureux / des euros ; 21

peureux / poreux ; peut choir / pochoir ; peu d'air / podaire ; peu lisse / police ; peser / poser ; peut céder / posséder ; peut tasser / potasser ; peu de vin / pot-de-vin ; un peu tôt / un poteau ; un peu pourri / un pot-pourri ; deux dos / dodo ; deux minots / domino ; deux mages / dommage ; deux nations / donation ; deux nez / donner ; deux ré / doré ; deux âges / dosage ; deux heures / doseur ; deux thé / doter ; ferait / forêt ; ce dé / sodé ; ce lied / solide ; seule eau / solo ; sema (v.) / soma ; ce nez / sonner ; ce nord / sonore ; retassé / rotacé ; retint (v.) / rotin ; retonde (v.)  / rotonde ; la piscine de Rezé (44) / la piscine de rosé ; 31

Aqueuse / à cause ; Marie-Josée creuse / Marie-Josée Croze (actrice) ; l'heureuse / le rose ; un Peul / un pôle ; la meule / le môle ; le jeûne / le jaune ; 6

keum / comme ; la peur / l’apport ; les peurs / les ports - porcs ; au beurre / au bord ; un bœuf / un beauf' ; buteur / butor ; menteur / mentor ; Lidl (supermarché) [lidœl] / l'idole ; des cœurs / des corps – décor ; en cœur / encore ; sa sœur / ça sort ; c'est le seul / c'est le sol ; il meurt / il mord ; à l’heure / alors ; malheur / ma Laure ; horreur / Aurore ; 15

[Œ/u]

Œuf / ouf (verlan) ; la preuve / l'approuve ; bœuf / bouffe ; Labeur / la bourre – labour ; un conteur / un contour ; auteur-hauteur / autour ; la teuf (verlan) / la touffe ; par cœur / parcours ; le feutre / le foutre ;  la meuf (verlan) / la Mouff’ (rue Mouffetard) ; l’humeur / l’humour ;

un peu / un pou ; mont venteux / mont Ventoux ; les queues / les coups ; aveu / à vous ; en jeu / en joue - Anjou ; les jeux / les joues ; s'émeut / c'est mou ; l'heureux / le roux ;  Meulan / moulant ;

Deux ans / douze ans, 2h / 12h ; deuxième / douzième ; deux blés / doubler ; deux sœurs / douceur ;

[ɛ̃ / ɑ̃]

(89)

le pain - le pin / le pan - le paon ; lapin / lapant ; un petit bain / un petit banc ; du pain / dupant (verbe duper) ; le teint - le thym / le temps - le taon ; l'étain / l'étang ; atteint / attend ; hautain / autant ; latin / latent - l'attend ; satin / Satan - s'attend ; gratin / grattant ; matin / m’attend ; ta tarte Tatin / ta tarte t’attend ; Tintin / tintant ; des crétins / décrétant ; importun / important ; deux daims / dedans - deux dents ; ce daim / Sedan ; soudain / Soudan ; dédain / des dents ; Cardin / cardant ; un bouquin / un boucan ; Tonkin / ton camp ; sequin / ce camp : fait qu'un / Fécamp ; un petit gain / un petit gant ; Seguin (la chèvre de M.) / ce gant ; enfin / enfant ; à 20 / avant ; le vin - le 20 / le vent ; devin / devant ; ce sein - saint / ce sang ; dessin / descend ; c'est un dessin / c'est indécent ; pas sain / passant ; bassin / Bassan (fou de) ; ma main / maman ; la main / l'amant ; les mains / l'aimant ; un nain / un an ; marin / marrant ; salin / salant ; Melun / Meulan ; parrain / parent ; un par un - un parrain / en parant ; ça craint / sacrant ;  le frein / le franc ; un grain / un grand ; faire le plein / faire le plan ; et viens / Evian ; 46

Quinte / Kant ; crainte / crante ; il pince / il pense ; une peinte / une pente ; une teinte / une tente - une tante ; il tinte / il tente ; en province / en Provence ; et rince / errance ; un cintre / un centre ; les lump (poisson) / les lampes ; enceinte / en sente ; une plainte / une plante ; le peindre / le pendre ; la feinte / la fente ; la junte / la gente ; la plinthe / la plante ; l'étreinte / les 30 ; l'éteindre / l'étendre - les tendres ; 18

Pincer / penser – panser ; teinter / tenter ; cingler / sangler ; il importe / il emporte ; import / en porc ; un métro / en métro (taxi, bus, tramway, train, TGV, avion... voyage, binôme, groupe, ...  ) ; l'infant / l'enfant ; invente / en vente ; un vol / en vol - envol ; un corps / encore ; un père / Ampère ; grimpèrent / grand-père ; un visage / envisage ; un sanglot / en sanglots ; un plus / en plus ; (saint / sans) Saint Germain / sans Germain... ; 25

[ɑ̃ / ɔ̃]

(127)

le paon / le pont ; lapant / Lapon ; coupant / coupon ; un petit banc / un petit bond ; enjambant / en jambon ; barbant / barbon ; le temps / le thon - le ton ; 100 ans / santon ; l’étang / letton ; avortant / avorton ; embêtant / en béton ; un quart temps / un carton ; dictant / dicton ; feuilletant / feuilleton ; prends Tonton / prends ton temps ; les dents / les dons ; par dent / pardon ; c'est l'Adam / céladon ; guidant / guidon ; C'est quand? / c'est con ? ; Fécamp / fécond ; les Balkans / les balcons ; croquant / croquons ; un gant / un gond ; ce gant / second ; divaguant / dix wagons ; draguant / dragon ; un faon / un fond ; enfant / en fond ; bouffant / bouffon ; le sang / leçon - le son ; du sang / du son ; massant / maçon ; hérissant / hérisson ; chaussant / chausson ; nourrissant / nourrisson ; glaçant / glaçon ; 16 ans / saison ; blousant / blouson ; bouchant / bouchon ; cochant / cochon ; pigeant / pigeon ; plongeant / plongeon ; un savant / un savon ; l’amant / l’amont ; l'aimant / les monts ; un dément / un démon ; un serment / un sermon ; en plan / en plomb ; il est blanc / il est blond ; un franc / un front ; les glands / l'aiglon ; très lent / très long ; salant / salon ; un collant / un colon ; Meulan / melon ; un galant / un galon ; les talents / l'étalon ; s'emballant / 100 ballons ; Iran / iront ; en rang / en rond ; elle rend / aileron ; en virant / environ ;  c'est marrant / c'est marron ; mourant / mouron ; (participe présent-adjectif / 1ère pers. pluriel) prenant / prenons ; enveloppant / enveloppons ; couvrant / couvrons ; accueillant / accueillons ; charmant / charmons ... ;  baîllant / baîllon ; bouillant / bouillon ; en brillant / embryon ; il lange / il longe ; il range / il ronge ; des angles / des ongles ; tremblant / tromblon ; Orient / Orion ; criant / Crillon (hôtel) ; grillant / grillon 76

grande / gronde ; des pentes / des pontes ; répandre / répondre ; des bandes / des bondes ; à bandes / abonde ; les branches / les bronches / une tranche / une tronche ; ils fendent / ils fondent ; ils mentent / ils montent ;

ne pas brancher / ne pas broncher ; un menteur / un monteur ; un fendeur / un fondeur ; c'est fendu / c'est fondu ; sans visage / son visage ; (sans / don)... la campagne / la compagne ; aimanté / est monté ; mentait / montait ; penser - panser / poncer ; cancer / concert ; Angèle / on gèle ; envie / on vit ; quand même / qu'on m'aime ; entend / on tend ; m'entend / montant ; emporte / on porte ; emmène / on mène ; enseigne / on saigne ; endort / on dort ; andine (des Andes) / on dîne ; endurci / on durçit ; endure / on dure ; enfonce / on fonce ; enfer / on ferre ; enfile / on file ; enfume / on fume ; engraisse / on graisse ; engueule / on gueule ; enlace / on lace ; enlève / on lève ; enquête / on quête ; enraye / on raye ; enroule / on roule ; ensable / on sable ; enserre / on serre ; entaille / on taille ; entraîne / on traîne ; envoûte / on voûte ; envoie / on voit ; emmêle / on mêle ; emménage / on ménage ; empare / on pare ; empêche / on pêche ; empeste / on peste ; emploi / on ploie ; empresse / on presse ; encadre / on cadre ; encercle / on cercle ; à Pôle Emploi / Apollon ploie ; 52

[a / ɑ̃]

encore / accord ; anoblir / ennoblir ; amener / emmener ; apporter / emporter ; mateur / menteur ; malheur / mens leur ! ; grammaire / grand-mère ; passer / penser ; sablier / sembler ; lacer / lancer ; tapis / tant pis ; satyre / sentire ; châtier / chantier ; plate / plante ; un matteau (écheveau) / un manteau ;

panda / pendant ;

(113)

[ɑ̃ / an]

 

 

[ɔ̃ / ɔn]

 

 

 

[ɛ̃ / ɛn]

alternance morphologique masculin / féminin :

Alezan ; anglican ; birman ; castillan ; catalan ; courtisan ; faisan ; gitan ; kenyan ; médian ; musulman ; nigérian ; occitan ; ottoman ; partisan ; paysan ; persan ; plan ; rhénan ; roman ; sévillan ; sultan ; tarzan ; texan ; toscan ; Jean ;

 

Noms : Aiglon ; baron ; daron ; bouffon ; bûcheron ; champion ; cochon ; espion ; garçon ; glouton ; laideron ; laron ; lion ; ourson ; patron ; piéton ; pigeon ; pion ; sauvageon ;

Adjectifs : anglo-saxon ; berrichon ; beauceron; bon ; bourguignon ; breton ; brouillon ; con ; fanfaron ; folichon ; grognon ; maigrichon ; mignon ; polisson ; poltron ; ronchon ; teuton ;

 

Métiers : acousticien ; chirurgien ; clinicien ; collégien ; comédien ; électricien ; électronicien ; esthéticien ; gardien ; grammairien ; historien ; informaticien ; lycéen ; magicien ; mathématicien ; mécanicien ; musicien ; opticien ; pharmacien ; physicien ; politicien ; technicien ; tragédien ;

Adjectifs : aérien ; ancien ; certain ; contemporain ; daltonien ; hautain ; lointain ; métropolitain ; mondain ; plein ; prochain ; puritain ; quotidien ; républicain ; sien ; sain ; soudain ; souterrain ; urbain ; vain ; végétarien ; vilain ;

(nationalités) Marocain / Marocaine… ;

grain / graine ; pain / peine ; bain / benne ; lin / laine ; rein / reine ; 

 

 

 

 

[p/b]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[t/d]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[k/g]

un pis / un bi ; le dépit / le débit ; appris / abri ;  (il) la prit / la Brie ; Capri / cabri ; une pique / une bique ; un pic / un bic ;  prisse (imp. du subj) / Brice ; la pile / la bile ; la prise / la brise ; papilles / babille ; un P / un B ; un pépé / un bébé ; rapp(e)lé / râblé ; son pré / sombrer ; la paix / la baie ; rappelait / Rabelais ; ça plaît / sablait ; des prêts / des braies ; impec / un bec ; une benne / une peine ; un père / un bers (maritime) ; une perm (permanence) / une berme ; il perce / il berce ; une prêle / une brêle ; praire / braire ; un petit plaid / un petit bled ;  des appâts / des abats ; la passe / la basse ; La Paz / la base ; les pales / les balles ; plate / blatte ; l'Apache / la bâche ; un petit pois - poids / un petit bois ; au port / au bord ; mon Paul / ton bol ; la Paule / la Baule ; la paume / la bôme (voile) ; un pot / un beau ; un pou / un bout ; les proues / les brous ; prout / broute ; une poule / une boule ; ma poule / maboul - ma boule ; ampoule / en boule ; une pouffe (une femme vulgaire) / une bouffe (un repas) ; la pouche (sac) / la bouche ; Les Pouilles - l'épouille / les bouilles ; il a pu / il a bu ; aux putes / au but ; une prune / une brune ; en pulpe / en bulbe ; ça pleut / sableux ; les preux - lépreux / l'hébreu ; les peurs / les beurres ; la preuve / l'abreuve ; lappa (verbe lapper) / là-bas ; le pas / le bas ; des pattes / des battes ; il empale / il emballe ; des plates / des blattes ; il pave / il bave ; des poires / déboires ;  un pain / un bain ; un sapin / un Sabin ; lopin / l'aubain ; un petit paon - un petit pan (de mur) / un petit banc ; décapant / des cabans ; s'apprend / sabrant ; sans plan / semblant ; rester en plan / rester en blanc ; une planche / une blanche ;  emprunt / en brun - embruns ; un pont / un bond ; un pompon / un bonbon ; un plomb / un blond ;

un piquet / un biquet ; de la piquette / de la biquette ; pisser / bisser ; c'est prisé / c'est brisé ; billet / pillait ; penny / béni ; pénis / bénisse ; opérer / obérer ; percer / bercer ; perçeuse / berçeuse ; persil / Bercy ; pâli / Bali ; Paris / Bari (Italie) ; pas rire / barrir ; un palais / un balai ; pas lourd / balourd ; pâlot / balot ; pas tôt - pataud / bâteau ; parer / barrer ; paver / baver ; passait / basset ; empaler / emballer ; un paquet / un baquet ; pacha / bâcha (verbe bâcher) ; une panière / une bannière ; poisson / boisson ; un poney / un bonnet ; apporter / aborder ; bien porté / bien bordé ; empoté / en beauté ; un poulet / un boulet ; pourrait / bourrait ; la râpe / l'Arabe ;

tag / dague ; Athis / à 10 ; attire / à dire ; centime / sans dîme ; attisant / à 10 ans ; un T - un thé / un D - un dé ; santé / sans D - sans dé ; atterré / adhéré ; affronter / à fronder ; bonté / bondé ; un petit thé / un petit dé ; côté / codé ; gratté / gradé ; le second T / le seconder ; et monter / émonder ; il faut l'éviter / il faut l'évider ; entrez / André ; tresse / dresse ; à tresses / adresse ; tresser / dresser ; sa tête / sa dette ; solitaire / solidaire ; s'entêter / s'endetter ; s'entame / 100 dames ; pétame / pédale ;  sur le tard / sur le dard ; tarder / darder ; 2 mantras / demand(e)ra ; à 3 / adroit ; trachée / dracher (pleuvoir) ; 100 tonnes / s'en donne ;  un peu tôt / un peu d'eau ; un râteau / un radeau ; un tome / un dôme ; trône / drone ; c'est tout / c'est doux ; la soute / la soude ; vends-tu? / vendu ? ; intruse / un druze ; tortue / tordu ; deux menteurs / demandeurs ; à temps - attend / Adam ; autant / aux dents ;  éteins ! / et d'un ! ; la vente / lavande ; une lente / une lande ; deux menthes / demande ; quittons / qui don(c)? ; partons ! / pardon ! ; un thon / un don ; i(l) monte / immonde ; honte / onde ; la fonte / la fonde (verbe) ; ponte / ponde ; ponton / pondons ; tonte / tonde ; tonton / tondons ; Théo / déo ; teigne / daigne ; rince-toi / rince-doigts ; tu as le 3 / tu as le droit ; mon petit toit / mon petit doigt ;

touiller / douiller ; touillait / douillet ;


comme / gomme ; coque / gogues ; crade / grade ; crame / gramme ; banque / bang ; grec / Greg ; c'est qui? / c'est Guy? ; qui lit? / guili? ; enquille / anguille ; on crie / Hongrie ; il faut le crier / il faut le griller ; la crise / la grise ; qui don(c) ? / guidon ; intriqué / intrigué ; à quai / à gué ; les laquer / l'élaguer ; la crève / la grève ; les crêtes / l'aigrette ; l'éclair / les glaires ; de Clèves / de glaive ; un cas / un gars ; il cache / il gâche ; apical / à Pigalle ; en car / en gare ; l'écart / les gares ; la cale / la gale ; amical / à mygales ; la came / la gamme ; la classe / la glace ; carré / garé ; carrie / Gary ; Calais / galet ; classé / glacé ; cratère / grattèrent ; on croit / Hongrois ; l'écho / l'ego ; un croc / un gros ; accro / agro ; une crotte / une grotte ; quel côut ! / quel goût ! ; égoutte / écoute ; coûteux / goûteux ; l’Ecume des jours / Légume des jours ; une crue / une grue ; sequin / Seguin ; le crin / le grain ; à raclant / raglan ; l'écran / les grands ; contrant (verbe contrer) / Gontran ; des cons / des gonds ;

Lalique / la ligue ; il brique / il brigue ; lyrique / l'irrigue ; magique / ma gigue ; satyrique / ça t'irrigue ; un bec / un bègue ; une collec (collection) / une collègue ; les lacs / l'élague ; une Black / une blague ; au bac / aux bagues ; la matraque / la Madrague ; l'abaque / la bague ; les bocks / les bogues ; les orques / les orgues ; évoque / et vogue ; un air rock / un air rogue ; un ocre / un ogre ; l'encre - l'ancre / Langres ; le tank / le tangue (hérisson) ; les manques / les mangues ;  un oncle / un ongle ; 

un cadeau / un gâteau ; décompter / dégonder ; le concours / le Goncourt ;

[b / v]

Bien ! / Viens ! - rabbi / ravi ; c'est l'habit / c'est la vie ; CB (cibi radio) / si(x) vies ; bite / vite ; sybille / civil ; ça brille / ça vrille ; un B / un V ; CB (cébé carte bancaire) / CV (curriculum vitae) ; l'abbé / laver ; ABC / AVC (Accident Vasculaire Cérébral) ; vous vivrez / vous vibrez ; à bec (flûte) / avec ; sur la berge / sur la verge ; la bête / lavette ; balance / valence ; dans le bar / dans le Var ; une bague / une vague ; la bâche / la vache ; sa batte / savate ; le bal / le val : là-bas / lava (verbe laver) ; reboire / revoir ; à boire / avoir ; bavoir / vas voir ! ; une balise / une valise ; un ballon / un vallon ; déballer / dévaler ; des ballets / des valets ; de boire / devoir ; un bol / un vol ; un bock / invoque ; ni beau / niveau ; serbo-croate / cerveau croate ; sabot / ça vaut ; un cabot / un caveau ; un jabot / un javeau (île) ; beauté / voter ; j’ai bu / j’ai vu ; c'est de l'abus / c'est de la vue ; des cubes / des cuves ; un bœuf / un veuf ; HEB / achever ; blanc / vlan ;

[s/z]

Seine / zen ; Sissi / Zizi ; assise / Aziz ; cassis / quasi ; les cils / les îles ; bacille / Basile ; racé / rasé ; cassé / casé ; embrasser / embraser ; hausser / oser ; laisser / léser ; visser / viser ; décidé / des idées ; les CD / les aider ; masser / mazet ; ils savaient / ils avaient ; basset / basait ; du sel / du zèle ; les sels / les ailes ; lacère – la serre / laser ; hissèrent / Isère ; un dessert / un désert ; Auxerre / osèrent ; les sas / les as ; laissâmes (passé simple) / les âmes ; désaler / des allées ; les soies / les oies ; les sorts - l'essor / les ors ; des soles / désole ; les sommes / les hommes ; les seaux / les os ; la Saône / la zone ; les sources / les ours ; les sues / les eues ; l'assure / l'azur ; de ceux / deux œufs ; des sœurs / des heures ; un petit coussin / un petit cousin ; croissant / crois-en ; prends 100 / prends-en ; lissant / lisant ; dis 100 / 10 ans - disant ; cessant / 16 ans ; tressant / 13 ans ; 200 / 2 ans ; avec essence / avec aisance ; ils sont / ils ont ; du poisson / du poison ; les sondes / les ondes ;

(pré-citer / présider); ils pressentent / ils présentent ;

les glisses / l'église ; Matisse / m'attise ; des bis / des bises ; qu'elle puisse / qu'elle puise ; la baisse / la baise ; les basses / les bases ; la Bresse / la braise ; blesse / Blaise ; les tresses / les 13 ;  Rodès / Rodez ; mais laisse ! / mélèze ; ma laisse / malaise ; Alès / à l'aise ; bah laisse ! / balèze ; Cesse ! / 16 ! ; la jeunesse / la genèse ;  m'agace / ma gaze ; Luce / l'use ; des bus : des buses ;

[z/ ʒ]

asile / à Gilles - agile ; azyme / à gym ; rosé / Roger ; José / jauger ; léser / léger ; s’arroser / s’arroger ; Champs Elysées / changez lisez ; gazer / gager ; dégazer / dégager ; des rosés / déroger ; des rosiers / dérogiez ; un zeste / un geste ; du zèle / du gel ; zébu / j'ai bu ; j'usais / jugeais ;  Z-O / jet d'eau ; un bisou / un bijou ; une lésion / une légion ;

Pise / pige ; Lise / lis-je ; baise / beige ; ose / auge ; hase / âge ; naze / nage ; l'attise / la tige ; lui disent / lui dis-je ; prothèse / protège ; obèse / au beige ; à l'aise / allège ; n'a d'aise / Nadège ; une case / une cage ; j'en rase / j'enrage ; un saz (instrument) / un sage ; sont nazes / son âge ; j'ose / jauge ; Toulouse / Toulouges ; bouse / bouge ; l'use / luge ; Abruzzes / à Bruges ;

[l/R]

Mali / mari   ; pâli / Paris  ; c’est long / c’est rond ; pas lent / parent ; la vie / ravi ;  calé / carré ; sellé / serré ;  Attila / attira ; l'élève / les rêves ; 1000 loirs / mirroir ; un gendarme lit / un gendarme rit ; la pièce / rapièce ; l'apport / rapport ; l'accord / raccord ; lavage / ravage ; latter / rater ; l'éclatèrent / les cratères ; dans la légion / dans la région ; C'est l'art / c'est rare ; un loup / un roux ; sans loi / sans roi ; le la / le rat ; il le clame / il le crame ;  un pli / un prix ; un plot / un pro ; aide-la / aid(e)ra ; une blanche / une branche ; la classe / la crasse ; un clan / un cran ; un gland / un grand ; une glace / une grâce ; flasque / frasque ; le flic / le fric ; sabler / sabrer ;

(avec ou sans e prononcé : Il faut l(e) faire / il faut r(e)faire) le faire / refaire : le commencer / recommencer ; le copier / recopier ; le dire / redire ; le prendre / reprendre ; le tire / retire ; le travailler / retravailler ; le passer / repasser ; le produire / reproduire ; le voir / revoir ; l'envoyer / renvoyer ; l'habiller / rhabiller ; l'apporter / rapporter ; l'ajuster / rajuster ; l'établir / rétablir ; les viser / réviser ; les fléchir / réfléchir ; les clamer / réclamer ; les percuter / répercuter ; les péter / répéter ; le battre / rebattre ;

empile / en pire ; empale / en parts ; un bal / un bar ; une balle / une barre ; j'emballe / j'en barre ; un bol / un bord ; la boule / la bourre ; atelle / à terre ; atoll / à tort ; Adèle / adhère ; encolle ! / encore ! ; la gale / la gare ; des cigales / des cigares ; légal / les gares ; un cil / un sire ; un sol / un sort ; tu es saoûl? / tu es sourd? ; des selles / dessert ; naval / navarre ; l' avale - Laval / l' avare ; des vols / dévore ; la moule / l'amour ; communal / communard ; trop mal / trop marre ; une malle / une mare ; emmêle / en mer ; un canal / un canard ; plural / plus rare ; le sable / le sabre ;

 

[j / ʒ] : ça y est / ça j'ai ; rouillé / rouget ; pillé / pigé ; aillé / agé ; rouille / rouge ; fille / fige ; la paille / la page ; une caille / une cage ;

 

 

 

 

8 novembre 2017

Donald Trump sous le coup de la loi française… des 3 consonnes

 

    C’est un sujet souvent discuté et toujours discutable : quand et comment on prononce (ou pas) le E graphique sans accent (quand il n’est pas prononcé [e] « dessin » ou [ɛ] « mer »), ce E dit muet, caduc, instable, et transcrit traditionnellement en alphabet phonétique par le symbole [ə] (alors qu’il se réalise labial c’est-à-dire [ø, œ] ou une valeur intermédiaire).

 

    A Saint-Rémy-de-Provence, Roseline me dit : « Vous, à Paris, vous coupez les mots, vous ne les prononcez pas en entier. » Devant mon air étonné, elle précise : « Vous dites Vill’franch’, alors que moi, je dis Vi-lle-fran-che ! » (Je noterai dorénavant les E non prononcés entre parenthèses (Vill(e)franch(e)), et les E prononcés soulignés (Villefranche).

 

    C’est vrai, la prononciation ou non de E (en finale mais aussi à l’intérieur des groupes rythmiques) est extrêmement variable suivant la variété de français, mais aussi le registre (a priori moins d’effacements de E en registre formel), la situation (les mamans à la sortie des écoles n’effacent pas : « Je ne te le redirai pas ! »), le type de discours (la chanson : Frère Jacques, Douce France… ; la poésie : Je ne parlerai pas, je ne penserai rien – Rimbaud)...

 

    Mais en français « standard » (c’est-à-dire non marqué régionalement), le E final n’est généralement pas prononcé : « Je te présent(e) mon frèr(e) Jacqu(es). »

 

    Pour les E à l’intérieur des groupes rythmiques, la situation est souvent d’une grande confusion pour les oreilles non-natives. En effet, on entend :

Cette semaine…. mais, la s(e)maine prochaine

Une petite… mais, la p(e)tite.

 

    Pourquoi ? Parce que la possibilité d’effacer ce E suit une règle inconsciente appelée grossièrement par Grammont « loi des trois consonnes » (ou L3C). En effet, en français, on prononce deux consonnes phonétiques sans difficulté, mais trois consonnes peuvent poser problème.

*Cett(e) s(e)main(e) [sɛtsmɛn], *un(e) p(e)tit(e) [ynptit] font apparaître 3 consonnes successives, groupe infranchissable.

 

    La situation est en fait un peu plus nuancée. On peut prononcer 1 consonne + 2 consonnes (ex : dans c(e) train), mais on ne peut pas prononcer 2 consonnes + 1 (ex : vendredi).

 

    On peut affiner cette règle encore plus (voir Bonus 2), d’où ce sujet intarissable.

 

    C’est cette règle qui explique qu’on prononce : quatre fois ([ka-tʁə - fwa]) ou quat(re) fois ([kat-fwa])…

    Et plus insolite encore et toujours cité dans les cours de phonétique :

Un ours blanc, prononcé [œ̃ -nuʀ - sə - blɑ̃] (un – nour - se – blanc), alors que le E graphique n’existe pas. Il y a ajout d’une voyelle épenthétique pour éviter le franchissement de 4 consonnes.

 

Trumppolar_bear

 

    C’est ce qui permet à certains journalistes de Radio France de soumettre Donald Trump à cette loi française des 3 consonnes en prononçant avec une voyelle épenthétique :

Do – nal - de – Trump [dɔ-nal-də-tʁœmp]

 

 

Bonus 1

La capacité à franchir des groupes de consonnes varie suivant les langues. Là où le polonais et le gallois enchaînent les consonnes sans difficulté (avec des consonnes dites syllabiques), le japonais ne peut franchir un groupe de 2 consonnes. Dans les emprunts, le japonais insère donc des voyelles d’appui (en général [ɯ] (ou [o]). Exemple : MacDonald, prononcé [ma-kɯ–do-na-lɯ-dɯ].

Et Donald Trump [do-na-le-do-to-lam-pɯ], d'après Kyoko.

 

Bonus 2

Remarques de Pierre R. LÉON, dans Prononciation du français standard, 1966, p.73.

« Le maintien ou la chute de E caduc peuvent provenir de multiples facteurs. En dehors de considérations stylistiques, on prononce davantage d’E caducs : pour être mieux compris (problème de perception) ; quand se présente un groupe de consonnes inhabituel (problème de distribution). Des facteurs psychologiques peuvent aussi intervenir : ainsi l’E caduc, précédé de plus d’une consonne prononcée, tombe plus facilement à la jointure de deux mots dissociables, comme dans port(e)-manteau, que dans un mot unique, comme appartement. Un autre facteur très curieux est celui du rythme. En particulier dans les mots composés, l’E caduc à la jointure (et précédé de plus d’une consonne prononcée), reste si le deuxième terme du mot composé n’a qu’une syllabe ; s’il a plus d’une syllabe, l’E caduc tombe presque toujours. On prononce ainsi :

garde-meuble, garde-côte, garde-boue, porte-plume, porte-clé

mais gard(e)-malade, gard(e)-côtier, gard(e)-barrière, port(e)-monnaie, port(e)-cigarette, port(e)-crayon, etc… »

 

 

 

3 novembre 2017

Forme d'empathie et tolérance exacerbée?

 

    On m’a signalé un film français qui évoque la question de « l’accent étranger »… ce qui n’est pas si fréquent.

 

    Maurice Barthélémy, acteur et réalisateur, a signé en 2017 une comédie intitulée « Les Ex ». On y trouve un personnage secondaire singulier, Alberto, joué par l’acteur Michael Bensoussan (sous le pseudonyme de Estéban).

 

    Ce personnage comique est un peintre que l’on découvre dans une scène, face à un juge français pour un divorce, où il ne parle qu’espagnol. On le retrouve ensuite dans deux scènes dans lesquelles il parle franco-espagnol, ce qui est d’abord moqué (« yeudi matin ou yeudi après-midi »), puis qui lui est reproché (« tu ne veux pas apprendre le français une bonne fois pour toutes ? »). On découvre finalement dans une autre scène que le personnage parle parfaitement français (« je suis né à Villeparisis, en Seine-et-Marne »), mais qu’il utilise un accent pour provoquer « une forme d’empathie, de tolérance exacerbée» !

 

 

    Voici les scènes dans lesquelles le personnage intervient :

 

 

 

   

    Avoir un accent étranger provoquerait l’empathie des interlocuteurs ? Quelle étrange idée… En effet, ce n’est déjà pas du tout ce qui se passe dans le film. Le rôle est comique, on lui reproche de ne pas savoir parler français (énervement du juge– alors que personne ne parle espagnol), on imite l’accent du personnage… Aucune empathie ici.

 

    Les étudiants étrangers avec lesquels je travaille ne me parlent jamais d’attitudes empathiques face à leur accent, mais ils me rapportent plutôt de tristes expériences illustrant le peu de tolérance des Français face aux accents étrangers.

 

    Voici une courte histoire racontée par Cristina. Cristina est une jeune femme espagnole. Un jour, à Paris, une dame âgée s’adresse à elle et lui demande un renseignement sur l’arrêt d’un bus. Quand Cristina commence à lui répondre, avec son accent hispanophone, la dame détourne simplement le regard et s’éloigne, sans un mot… Rien d’empathique ici non plus. Par contre une violente intolérance dont Cristina parle encore…

 

    Et vous, qu’en pensez-vous ? Avez-vous des expériences d'empathie provoquée par un accent étranger ?

 

 

 

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